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    Lastman Stories, Soir de Match : Un spin-off qui fait tache.


    Scénario : Alexis Bacci Leveillé, Bastien Vivès

    Dessin : Bastien Vivès, Alexis Bacci Leveillé

    Éditions : Casterman

    Sortie : 24 janvier 2018

    Genre : Action

    Qui n’a jamais entendu parler du phénomène Lastman ? Après des débuts difficiles, la série hybride de Bastien Vivès, Sanlaville et Balak se dresse petit à petit comme un incontournable de la scène littéraire de ces dernières années, allant même jusqu’à remporter le prix de la série au festival d’Angoulême. Hybride : ce n’est pas peu dire car toute la force de l’ouvrage réside dans son caractère inclassable. Entre bande-dessinée et manga, Lastman séduit un très large et très hétéroclite lectorat. L’exercice n’est pas simple d’ailleurs, puisqu’il s’agit de rassembler deux univers très différents, en puisant dans les codes de l’un comme de l’autre ce qui pourrait être associé, et force est de constater que les trois auteurs y parviennent avec succès.

    Ce « manga à la française », pour en faire un résumé grossier, raconte l’histoire en dix tomes (jusqu’à présent) d’Adrian, un bambin très courageux, de sa mère Marianne, la belle boulangère dont personne ne pourrait soupçonner la force et la détermination qui l’habite, et de Richard Aldana, ancien champion de boxe. Ensemble ils vont faire vivre au lecteur une kyrielle d’aventures et ce, à cheval entre deux mondes bien distincts : avec d’un côté la communauté imaginaire inspirée de l’époque moyenâgeuse et de l’autre la mégalopole, vraie parodie de nos sociétés en version gore.

    Mais Lastman Stories, complètement hors-série, ne s’inscrit pas tout à fait dans la continuité des premiers tomes : Nous sommes quinze ans en arrière dans la fiévreuse cité de Paxtown qui s’apprête à accueillir le tournoi de violent-ball, sorte de rugby féminin où vraiment tous les coups sont permis. Et derrière l’équipe des Blackstars se trouve un Milo Zotis rajeuni, ce grand bandit dont la morale ne vaut pas un sou. Bien-sûr, il est déjà à l’époque à la tête d’un important trafic de sector, drogue de synthèse super-puissante mais aussi très dangereuse, que tout le monde semble s’arracher, les plus pauvres comme les mieux lotis. Et aux côtés de Zotis, on retrouve des têtes connues comme Aldana, dans ses années de gloire, le journaliste ahuri Peter Verkaik qui fait ici office de narrateur, ou encore Tommie et H. Mais on découvre aussi des personnages complètement inédits comme le Corbeau, justicier masqué, ou Crystal, la belle sportive.

    Pourtant, si Vivès reprend des ingrédients clés de la recette Lastman tels que les figures qui en font la fierté, mais aussi les combats, la violence immodérée et le sexe, le résultat de Lastman Stories est un peu moindre et les atouts de la série semblent devenir les défauts de l’album inédit. En ce qui concerne les combats par exemple, ils paraissent un peu brouillons et souvent la lisibilité n’est pas au rendez-vous. Mais ce n’est pas tout : le scénario donne l’impression d’être un peu bâclé, avec de petites incompréhensions à la clé, et graphiquement, l’album parait un peu simpliste quand on le compare à ses grands frères. Et ce relâchement s’explique peut-être par le changement de direction : Si Vivès reste, Sanlaville et Balak ont été remplacés par Bacci et son style plus cartoonesque.

    Pour les âmes sensibles, il est aussi bon de noter que la nouvelle équipe s’amuse sans se laisser démonter par le politiquement correct. Le trash est un peu poussé à l’extrême, tout devient une histoire de nibards, de parties de jambes en l’air dans les toilettes, de blagues vulgaires et de coups de poing, ce qui fera le bonheur de certains lecteurs qui justement apprécient la série pour son côté décalé, mais qui pourrait paraître un peu too much pour d’autres.

    Bien sûr, comme dans chaque épisode, le lecteur se laisse facilement emporter par le récit, qui ne laisse aucun répit, mais finalement Lastman Stories c’est un peu un Lastman en plus paresseux. Et en conclusion, il est temps pour celui qui ne connaît pas la série de courir la découvrir mais il n’est pas forcément nécessaire pour celui qui la suit de se procurer l’album hors-série, un peu décevant.

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