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    Last Exit to Brooklyn (Coda) du Rideau de Bruxelles au Varia

    D’après Last Exit to Brooklyn d’Hubert Selby Jr, adaptation et mise en scène d’Isabelle Pousseur. Avec Pedro Cabanas, Paul Camus, Brigitte Dedry, Simon Duprez, Edoxi Gnoula, Anatole Koama, Mathilde Lefèvre, Aline Mahaux, Julie-Kazuko Rahir, Pierre Verplancken et Yanaé Minoungou. Du 16 au 27 octobre 2018 au Théâtre Varia (Rideau de Bruxelles). Crédit photo Michel Boermans

    Hubert Selby Jr publie son premier roman, Last Exit to Brooklyn, en 1964. Au fil de plusieurs chapitres indépendants, parfois reliés par l’entrecroisement de personnages, il décrit la déliquescence de l’arrondissement de New-York au cours des années soixante, de même que la déchéance de certains de ses habitants.

    Déjà adapté de manière fort honorable en 1989 sous la caméra d’Uli Edel, le roman se voit aujourd’hui transposé en partie en version théâtrale. En partie, car Last Exit to Brooklyn (Coda) fait le choix de s’attarder sur le dernier chapitre du livre, consacré aux différents résidents d’un immeuble de cité. Si l’on peut quelque peu regretter ce choix dans la mesure où sa nature même induit le fait de se défaire d’histoires et de protagonistes pourtant fort dignes d’intérêt, il se doit toutefois de saluer l’adaptation d’Isabelle Pousseur, par ailleurs metteur en scène de la pièce. Elle parvient effectivement à faire vivre de très nombreux personnages, aidée par l’interprétation d’une troupe unie et investie, et, par ce biais, à retranscrire l’aspect choral du roman originel.

    Qu’on le dise d’emblée, Last Exit to Brooklyn (Coda) est un projet ambitieux. Déjà, car comme énoncé, il y a de multiples personnages bien caractérisés avec lesquels jongler, mais aussi car adapter Hubert Selby Jr et sa manière personnelle de mêler oralité et écriture relève de la gageure. La pièce réussit cependant à approcher son style au plus près par moments, notamment lors de certaines tirades narratives qui parviennent à retranscrire la force des mots de l’écrivain.

    On en retrouve également les thèmes fétiches, directement hérités du roman. Racisme, violences multiples, inégalités homme-femme et frustrations en tous genres se trouvent donc abordés. Si l’on peut grandement apprécier le fait que, comme chez l’auteur de Requiem for a dream, rien ne semble jamais forcé et sonne toujours étonnamment actuel (d’autant plus qu’Isabelle Pousseur joue avec les époques, ne serait-ce qu’à travers le choix des musiques), on peut toutefois ressentir ici une certaine forme d’atténuation. Pas tant par le propos, qui reste quasiment inchangé malgré une fin légèrement moins sombre, mais plutôt par la forme.

    En effet, Last Exit to Brooklyn (Coda) fait la part belle à une mise en scène inventive à la scénographie soignée, mais si les nombreuses idées s’enchainent, elles le font parfois avec plus ou moins de réussite. Certains passages font mouches, tandis que d’autres souffrent d’un effet de surenchère qui en diminue la portée émotionnelle et finit par diluer l’attention.

    Si la pièce souffre ainsi quelque peu de son ambition et se révèle moins percutante que le roman qu’elle adapte partiellement, elle réussit néanmoins à maintenir l’attention sur toute sa durée (de près de trois heures) et s’avère fort pertinente dans son propos.

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