L’Apparition
de Xavier Giannoli
Drame
Avec Vincent Lindon, Galatea Bellugi, Patrick d’Assumçao
Sortie le 14 février 2018
Reporter de guerre ayant perdu son collègue et ami photographe lors de sa dernière mission sur le terrain, Jacques (Vincent Lindon) est appelé par le Vatican pour présider une commission d’enquête dans une petite ville du sud-est de la France, où une jeune fille du nom d’Anna dit avoir été témoin d’une apparition de la Sainte Vierge. Le lieu ayant été depuis envahi par les pèlerins et un culte voué à la jeune fille, la commission d’enquête est chargée de déterminer si, oui ou non, le miracle, l’apparition, a bien eu lieu.
Prenant la forme d’une véritable enquête sur les tenants et les aboutissants de cette apparition, et sur sa véracité même, le film aurait pu largement tirer parti de cette construction en « thriller », qui lui aurait presque instantanément conféré une efficacité intrinsèque. Mais Xavier Giannoli, fort du succès public et critique de son précédent film (le pourtant lourdingue Marguerite), ne voulait apparemment pas se satisfaire de cette efficacité basique, et plaçait dans L’Apparition des ambitions beaucoup plus grandes.
Le questionnement existentiel qu’éprouve le personnage interprété par Vincent Lindon ainsi que le mal-être qu’il partage avec celui d’Anna – joué avec moult pathos par Galatea Bellugi – semblent vouloir donner au film une résonnance métaphysique que Giannoli est bien en peine d’exploiter, n’étant absolument pas le cinéaste panthéiste et moraliste qu’il se croît peut-être. En d‘autres mots, Xavier Giannoli n’est pas Terrence Malick et L’Apparition n’a pas le quart du tiers de la portée de films tels que L’Arbre de vie, À la Merveille ou Knight of Cups, quel que soit d’ailleurs le degré d’attachement que l’on éprouve envers ceux-ci.
Au passif du film, on peut également mettre une longueur démesurée, qui déforce également la dimension « enquête » de celui-ci, ainsi qu’une interrogation constante et récurrente quant à l’évolution de la carrière de Vincent Lindon et du statut d’acteur qu’il est en train de se forger, sorte de figure patrimoniale et patriarcale, incarnation « parfaite » du français – moyen ou non – mise au contact de situations types et dont on étudie le comportement. À la manière de petites expériences behavioristes, les « Lindon movies » semblent maintenant se contenter d’éprouver l’acteur dans telle ou telle situation, devant tel ou tel sujet de société, et guetter quelles seront ses réactions. Après Vincent Lindon face au drame des migrants (Welcome), Vincent Lindon face au harcèlement au travail (La Loi du marché) ou encore Vincent Lindon face aux tracas et aux contradictions des ONG (Les Chevaliers blancs), voici donc Vincent Lindon face à la problématique du rapport à la foi et à la religion. Si Lindon demeure néanmoins parmi les acteurs français en activité les plus intéressants, espérons qu’il puisse à l’avenir se défaire quelque peu de ce « fardeau » qui lui colle à la peau et le cantonne presque indéfectiblement à des films à sujets.