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    « L’année du singe », archive et fantasme

    Titre : L’année du singe
    Autrice : Patti Smith
    Editions : Folio
    Date de parution : 13 octobre 2022
    Genre : Mémoires, autobiographies

    Ode à la solitude, aux déviances. À la poésie des petites choses. À une culture, une époque, un pays. Patti Smith dissèque, avec cette même empathie qui avait fait le succès de Just Kids, l’année de ses 70 ans. Une année charnière, symbolisée sur le plan national par les discours répressifs du président entrant et paradoxalement, sur le plan personnel, par les derniers moments de ses 69 ans – âge symbolique de liberté, d’émancipation et de révolte. Alors que pour l’Amérique, 2016 est marquée par des promesses de murs – des frontières sécurisées qui ont su séduire les électeurs – la poétesse et rockeuse, elle, bourlingue sans contrainte, ne se laissant pas même entravée par les limites du réel.

    En 17 récits, l’autrice traverse les saisons. À l’hiver succède le printemps et au printemps l’été, comme si le temps était la seule donnée rigoureuse et rationnelle à laquelle Patti Smith pouvait se raccrocher. Il faut dire qu’avec elle, rien n’a vraiment de sens. Ou plutôt tout en a. Son récit pourrait signer la rencontre entre Lewis Caroll et Kerouac, traversant les États-Unis dans une sorte de transe psychédélique glissant dans le réel une part de fantasme. Au cours de ses pérégrinations, elle rencontre le panneau d’un motel qui semble être d’aussi bon conseil que le chapelier fou, un couple mutique qui l’abandonne sur l’autoroute de San Diego, ou encore Ernest, comme le fantôme de son alter ego.

    Dans son écriture, Patti Smith conserve quelque chose de très innocent, comme si la vie était d’une simplicité monstre. Comme s’il suffisait de vouloir pour faire. Alors bien sûr, tout semble plus excitant quand on s’appelle Patti Smith. Mais pour autant, il n’y a pas une once de prétention dans son récit. Plutôt de la naïveté. L’année du singe, c’est elle qui pose sur ses 70 ans, des yeux de gamine émerveillée.

    Et de la même manière qu’il y a dans l’écriture de cette septuagénaire quelque chose d’enfantin, il y a dans sa façon d’aborder le présent, comme le souvenir d’une époque passée. Bien sûr, quand elle parle de concert, on ne peut s’empêcher de voir en elle l’âge d’or du punk-rock. Mais dans le joyeux bordel qu’est sa vie, il y a aussi un lâcher-prise qui semble bien loin de l’hyper connectivité du monde actuel. C’est une lecture qui fait rêver, parfaite pour se frayer un chemin vers le sommeil. Si seulement, l’autrice avait pu nous épargner certaines considérations qui sont pour le lecteur d’un intérêt discutable – avec notamment cette obsession qu’elle a de nous livrer son menu journalier !

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