Scénario : Voutch
Dessin : Voutch
Éditeur : Le cherche midi
Sortie : 14 novembre 2024
Genre : Humour
L’amour triomphe toujours est un album sorti en 2000 par Voutch. Il est réédité en 2024, entièrement rénové. L’auteur raconte des micro-histoires en une planche, son dessin occupant tout l’espace de la page. Sans phylactères, le récit narré prend la forme d’une phrase dite par un personnage, sous le dessin, exposant le plus souvent la relation qui se tisse entre deux êtres dans un vaste espace paysager environnant.
Voutch dépeint avec beaucoup de cynisme des relations corrompues et marchandes, où l’amour n’est qu’un objet à vendre comme un autre. La couverture de la BD envoyait déjà des signes d’une certaine misanthropie : on y voit un homme seul, les pieds dans l’eau, portant à bout de bras une bouée lui ressemblant traits pour traits. Les personnages de la BD lui ressemblent tous, élancés, fins et blancs, d’une certaine classe sociale peut-être également (qui peut se permettre de se payer une bouée à son effigie ?), chacun (beaucoup d’hommes) chacune ayant un commentaire à faire sur son nombril.
L’humour supposé découler des planches est un humour très très jaune, qui fait à peine sourire. C’est surtout beaucoup de tristesse qui se dégage de l’album, un abattement face à une vision de l’humain pessimiste sans nuances. Le format et la matière même des pages de l’album est d’un goût douteux. Les pages ne sont pas agréables à magner. Sans douceur, elles semblent sortir directement de l’usine à BD et les couleurs retouchés numériquement ne sont pas d’un bel effet non plus, comme si même dans la confection même de l’album, il y avait une résignation moribonde à vouloir créer quelque chose de beau. C’est une impression générale d’absence de vie, d’envie de vivre, de beauté qui se dégage de L’amour triomphe toujours.
Vous me direz : peut-on en vouloir à l’auteur d’être un pessimiste coriace sans espoir pour l’humanité ? Non, pas vraiment, puisque nous faisons le choix de le lire ou pas. Cependant, on peut se demander quel intérêt il y a à rééditer en 2024 une BD comme celle-ci, sortie il y a 24 ans, témoin d’une époque révolue. Non pas que ces personnages et ces humains dont il s’inspire n’existent plus, mais puisque leur histoire (pathétique) a déjà été racontée des milliers de fois, pourquoi la raconter à nouveau, et puis rééditer cette histoire ?