L’amour est une fête
de Cédric Anger
Comédie dramatique
Avec Guillaume Canet, Gilles Lellouche, Michel Fau, Camille Razat
Sorti le 19 septembre 2018
Au cours des années 80, deux hommes (Guillaume Canet et Gilles Lellouche) tentent tant bien que mal de faire vivre un sexshop/Peep-show en plein Pigalle. Il s’agit en réalité de policiers sous couverture qui ont pour but d’infiltrer le milieu de la pornographie afin de mettre en lumière les fraudes fiscales et le blanchiment d’argent qui s’y opèrent.
Après le glaçant La Prochaine Fois Je Viserai Le Cœur, L’Amour est une fête marque les retrouvailles entre Cédric Anger et Guillaume Canet, et s’intéresse à nouveau à un personnage forcé de mener double jeu. Ici, le tueur en série gendarme cède sa place à un policier toxicomane obligé à prendre part au monde de la nuit parisien. De là découle une histoire d’infiltration, avec tout ce que cela implique de perte de repère pour les personnages principaux, qui se retrouvent peu à peu engloutis malgré eux, jusqu’à voir leur travail influencer leur vie privée.
Rien que de très classique en apparence, si ce n’est que le film bénéficie du style de son réalisateur. Aux moments graves s’en mêlent ainsi d’autres plus poétiques, non sans qu’une bonne dose de légèreté bienvenue se fasse cette fois-ci ressentir. Dans un exercice d’équilibriste constant, L’Amour est une fête manie les ruptures tonales avec réussite, parfois au sein d’une même scène. Elles participent à l’ambiance originale du long-métrage et lui apportent, du moins dans un premier temps, un certain degré d’imprévisibilité.
Il ne faut pas pour autant penser que le film de Cédric Anger se dilue dans ces changements de ton, tant il parvient à rester cohérent d’un bout à l’autre, malgré l’abandon de certaines sous-intrigues en cours de route. Car si le réalisateur s’attache à ses personnages, il les utilise également pour dresser le portrait d’une certaine industrie pornographique du milieu des années 80.
C’est dans le traitement de cet aspect du scénario que réside la plus grande singularité du long-métrage, et sans doute son point le plus fort, à savoir parvenir à adopter une approche humaine à des lieues de tout aspect glauque auquel on aurait pourtant pu s’attendre. En effet, dans ses meilleurs moments, L’Amour est une fête ne va pas sans rappeler des passages de documentaires de Jean-François Davy, comme le premier Exhibition ou Les Pornocrates. Il parvient même à en retrouver une certaine forme d’insouciance et de liberté. Un choix inattendu, surprenant et payant, tant il permet au film de s’éloigner des clichés habituellement collés au genre, quand bien même cela finit par adoucir l’histoire de base de manière un rien artificielle.