Voici un groupe auquel il serait normal de rendre hommage aujourd’hui pour ce qu’il a apporté au métal français au cours de leurs 25 ans d’existence.
Oui, vous avez bien lu, 25 ans que Lofofora se bat pour réveiller notre conscience contre les crapules qui dirigent le monde, pour ridiculiser ceux qui regardent les autres de haut et pour critiquer cette société de consommation qui nous ronge tous davantage à mesure que le temps passe.
Reuno et sa bande viennent de sortir L’épreuve du contraire, un recueil plus que généreux (14 titres), intense, lourd (de sens et de son), pesant même.
C’est sans nul doute un disque nécessaire à l’époque dans laquelle nous vivons. Un album dans lequel exprime toute sa rage, sa rancœur aussi bien par les mots que par la musique.
Phil Curty (basse) et Daniel Descieux (guitare) forment le combo parfait pour ce son lourd à souhait et ces riffs monstrueux qui vous font irrésistiblement remuer de la tête. De son côté, Vincent Hernault tabasse ses fûts comme jamais. Un vrai régal pour les oreilles.
L’image dans le style tatouage qui orne la pochette et représente un navire en perdition face à un genre de Kraken (un peu comme dans Pirates des Caraïbes) est parfaite pour illustrer l’état d’esprit du disque. Notre société y est décrite comme ce navire en perdition qui lutte contre son sort.
Musicalement, on retrouve régulièrement aussi des références à cette sensation d’être dans le même bateau. Il y a souvent des rythmes suivant le tempo de la valse pour renforcer cette impression de va-et-vient. (Pyromane, Pornolitique,Le Malheur des Autres, …)
On en prend plein les oreilles à chaque titre. L’innocence nous parle justement de cette résignation que l’on a adopté lorsqu’on a découvert le monde tel qu’il est. Pornolitique est un jeu de mot qui en dit long sur le contenu de ce titre. Reuno frappe là où ça fait mal et ne tient pas sa langue en poche.
Il s’attaque aussi aux sentiments humains dans Romance ou au romantisme dans Karmasutra et l’excellent Chanson d’Amour qui fait vraiment hurler de rire tellement il sent le vécu.
Lofofora nous propose aussi un peu de calme dans La dérive. Un titre qui n’a rien de gentil ceci dit.
Il y a aussi des titres plus pêchus comme La Tsarine qui vous pète à la figure et file à toutes allures.
Bref, il n’y a rien à redire sur ce très bon album. Une galette qui se déguste sans modération.
Alors, prenez et mangez-en tous, car ce huitième album est celui qui vous poussera sans nul doute à aller mouiller votre maillot lors d’un de leurs concerts à venir.