
La vie, en gros
Réalisateur : Kristina Dufkovà
Genre : Animation
Avec les voix de : Alexis Bourtereau, Ema Novotná, Hugo Kovács
Nationalité : République Tchèque, Slovaquie, France
Date de sortie : 16 avril 2025
Le film de Kristina Dufkovà a déjà été remarqué dans deux festivals d’animation, celui d’Annecy et Anima. Et cette fois, l’adaptation du livre à succès La vie, en gros de Mikaël Ollivier, va sortir en salle. Mais de quoi parle cette pépite du cinéma d’animation indépendant ? Remplit-elle son pari ?
La vie, en gros, c’est la vie de Benjamin, un adolescent obèse qui adore faire la cuisine, chanter du rap dans son groupe, aider sa mère vétérinaire à soigner les animaux et bien sûr : manger. Tout se passe bien mais avec les premiers signes de la puberté, il sent que tout est en train de changer. Et l’infirmière de l’école lui annonce la sentence : il est obèse, de catégorie 2. Voyant que le monde est dérangé par sa grosseur et afin de plaire à une fille de sa classe, il entame alors un régime drastique. Il doit aussi gérer les caïds de l’école qui le harcèlent. Etre gros et adolescent, ce n’est franchement pas facile !
On sent dans cette histoire que l’auteur original sait de quoi il parle, qu’il a été lui aussi obèse à cette âge-là. Que la grossophobie, ce n’est pas juste les imbéciles de la classe mais aussi le corps professoral qui peut t’humilier, les personnes qui te plaisent qui te trouvent chouette mais n’envisagent pas la séduction avec toi, la grossophobie bienveillante (t’es pas gros mais un peu enveloppé, bien en chair, bas du ventre, etc. : le gros n’est pas aveugle, il sait qu’il est gros !), les regards dans la rue, le jugement permanent sur ce que tu manges, etc. Alors qu’une personne grosse, tout ce qu’elle demande, c’est de pouvoir vivre comme elle l’entend. Et dans le film, Benjamin n’est pas une victime qui compte se taire. Il aime plein de choses et possède une répartie et une auto-dérision à toute épreuve ! Si parfois la morale dans ce film est un peu trop enfantine, les thématiques abordées sont tout à fait à propos et donnent un message essentiel à une époque où la mode est à la prise en main, le manger sain, l’acharnement dans le sport et où beaucoup se retrouvent mis sur le côté.
Le propos est aussi bien servi par une animation en dehors des standards actuels des grands studios. A l’image de Ma vie de courgette, les personnages et les décors ont des visuels imparfaits et pourtant tout aussi magnifiques. Un beau parallèle entre l’acceptation des gros et la beauté de l’imperfection. Au final, La vie, en gros, c’est comme annoncé, une chouette pépite de l’animation qui plaira autant aux adultes qu’au enfants, qu’on ne prend pas pour des idiots en édulcorant la grossophobie.