De et avec Manuel Pratt
Du 13 au 15 janvier 2015 à 20h30 au Théâtre 140
Entre humour noir et poésie du désespoir, Manuel Pratt exhume ses souvenirs d’enfance dans La Valse des hyènes. Sur le fil de l’émotion, il nous ouvre les tiroirs de sa mémoire et dresse, à travers sa propre histoire, un portrait de famille, à la fois touchant et acide, de la culture juive dans les années 80.
Habitué à enchaîner les seuls en scène à un rythme assez soutenu, Manuel Pratt possède aussi à son actif bon nombre de pièces d’humour à plusieurs comme Le Ticket, Le Cadeau et Coulisses. Auteur engagé et censuré à la radio, il se plait également dans la voie du théâtre documentaire. Son spectacle seul en scène La Valse des hyènes, plus personnel, s’inscrit moins dans la veine de ses comédies stand up et tient plus du monologue autobiographique grinçant.
Tantôt drôle, tantôt sombre, l’humoriste a cette faculté de raconter par le menu une foule de petites choses, des petits riens qui ont parsemé sa jeunesse. Avec un père militaire impassible et une éducation juive où les ombres des camps et des Boches ne sont jamais bien loin, Manuel Pratt égrène quelques souvenirs qui l’ont marqué à jamais et convoque dans son récit des personnages hauts en couleur. Vues, à la fois à la hauteur d’un enfant et racontées avec une mise à distance nécessaire, les réminiscences de sa jeunesse laissent parfois poindre une souffrance sourde, profonde et font l’objet d’une excavation bouleversante.
Sa scolarité dans une école catholique, l’internat, les filles, la relation avec son père, ses accointances avec des gitans, la messe et ses mystérieux rites, des sévices sexuels… autant de faits qui servent de sésame pour faire résonner en lui sa différence ; autant d’expériences qui font remonter à la surface des sentiments qui l’ont perforé à jamais.
Dans un spectacle sobre, drôle et humain, Manuel Pratt fait valser, entre rires et larmes, ses souvenirs pour mieux transcender son passé et exorciser ses démons. La Valse des hyènes, une pièce poignante à voir encore ce soir au théâtre 140.