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    La Vallée des fous, un Jean-Paul Rouve magistral

    Xavier Beauvois est un réalisateur qui n’a pas peur de passer d’un style d’histoire à l’autre tout au long de sa carrière de réalisateurs. D’une famille du Pas-de-Calais à la police criminelle ou d’un monastère en Algérie à la Suisse où deux délinquants tentent de voler la dépouille de Charlie Chaplin, ou encore la condition des agricultrices lors de la Première Guerre mondiale. On peut dire qu’il n’a pas peur de s’attaquer à tous les sujets. Et avec La Vallée des fous, il plonge encore dans un nouvel univers.

    La Vallée des fous est l’autre nom dans le milieu de la voile de Port-La-Forêt, port breton devenu un port d’attache et un lieu d’entraînement emblématique pour la course au large. C’est dans cet endroit que vit Jean-Paul qui, depuis la mort de sa femme, est sur la pente descendante. Criblé de dettes et alcoolique, il n’arrive plus à gérer sa vie et sa famille et se retrouve à déménager à l’étage de son restaurant, Les 40ème rugissants, avec sa fille. Depuis un accident maritime avec son père, quand il était jeune, le bateau trône dans le jardin du restaurant et acculé de toutes parts, Jean-Paul décide de s’y réfugier et de participer au Vendée Globe au moyen du jeu pour ordinateur Virtual Regatta. Afin de maximiser ses chances de finir à une belle place, synonyme de prime de victoire, il décide de vivre durant les onze semaines de la traversée dans ce vieux bateau avec à bord, seulement le même matériel que les skippers professionnels.

    Le point fort du dernier long-métrage de Xavier Beauvois n’est pas son réalisme (malgré tout réussi) ou son originalité (même si une course de voile dans un jardin, ça intrigue) mais le parcours de vie de Jean-Paul qui, malgré l’aide de ses proches, n’arrive pas à sortir de sa dépression, de son alcoolisme ou de son comportement lâche et pathétique (le réalisateur a lui aussi dû affronter ce démon). Et c’est finalement dans un délire un peu égocentrique qu’il peut tenter d’aller chercher une sorte de rédemption. Et pour arriver à bien montrer ça à l’écran, il fallait un tout grand acteur et Jean-Paul Rouve nous rappelle à chaque seconde qu’il n’est pas que le stéréotypé Jef Tuche. Il est aussi bien accompagné par un Pierre Richard (dans le rôle de son père) toujours aussi touchant et Madeleine Beauvois (sa fille) qui prouve une nouvelle fois, après son apparition dans Albatros, qu’elle a sa place dans le cinéma de papa. Finalement, si certains pourraient se désintéresser du sous-texte maritime et de cette expédition farfelue (même si le film sort à temps pour le départ il y a trois jours du Vendée Globe 2024), le film puise surtout son intérêt dans l’interprétation de ses comédiens et comédiennes. Avec en point d’orgue, celle de Jean-Paul Rouve, magistral.

    Fun fact : la musique a été créée par Pete Doherty qui signe sa première B.O. de film. L’artiste anglais habitant à Étretat comme le réalisateur, ils se connaissent depuis un moment. Beauvois avait d’ailleurs réalisé un clip avec lui.

    Loïc Smars
    Loïc Smarshttp://www.lesuricate.org
    Fondateur, rédacteur en chef et responsable scènes du Suricate Magazine

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    La Vallée des fousRéalisateur : Xavier Beauvois Genre : DrameActeurs et actrices : Jean-Paul Rouve, Madeleine Beauvois, Pierre RichardNationalité : FranceDate de sortie : 13 novembre 2024 Xavier Beauvois est un réalisateur qui n'a pas peur de passer d'un style d'histoire à l'autre tout au...La Vallée des fous, un Jean-Paul Rouve magistral