La tour de Babel : L’Europe, c’est du chinois

Titre : La tour de Babel
Scénario et dessin : Kokopello
Éditeur : Dargaud
Sortie : 05 avril 2024
Genre : Roman graphique

Le 9 juin prochain, les Belges se rendront aux urnes. Les têtes de liste s’agitent sur les plateaux télévisés. Taxes, chômage, indexation du salaire. Les grands mots du programme fédéral sont sur toutes les lèvres. Mais il ne faudrait pas oublier qu’en cette fin de printemps, ce n’est pas seulement le pays qui compte sur ses électeurs. C’est l’Europe toute entière. Et pour faire un peu de lumière au scrutin des vingt-sept, on peut compter sur le trait simpliste d’un Kokopello en grande pompe.

Celui qui s’était fait connaître en décortiquant les présidentielles françaises dans son Carnet de campagne, endosse encore une fois le costume de reporter. Et hop, le voilà prêt à traquer l’insaisissable Europe. Commission, conseil, parlement. Tout un charabia qui se traduit dans vingt-quatre langues officielles. Une vraie tour de Babel cette histoire. D’autant que l’Europe, mère de cohésion, est aussi source d’animosité. Certains pays pèsent plus lourd sur la balance décisionnelle. Des alliances se créent, par proximité politique. Des eurocrates, chargés de cultures et de convictions, prennent des dispositions comme s’ils jouaient leur main dans un jeu de stratégie. Unir, sans se trahir. Mais heureusement, nombreux sont les acteurs de la démocratie européenne. Très nombreux. Et c’est pour ça qu’il nous faut quelqu’un pour remettre un peu d’ordre dans tout ce bazar, histoire d’être un peu au clair avant les élections.

Kokopello passe un peu du coq à l’âne. De Varsovie, on se fait parachuter en Grèce. Mais comment le lui reprocher, son terrain de recherche se mesure en millions de kilomètres carrés. Et malgré tout, il arrive à tenir son public. C’est peut-être grâce à tous les fun facts qu’il dissémine, comprenant l’adhésion de certains pays à un club des radins de l’Europe ou encore le coût de la décentralisation du parlement à Strasbourg. Pour démêler un peu la chose, Kokopello voyage. Beaucoup. Son enquête s’impose comme une manière inventive de s’offrir un vol direction San Francisco pour rencontrer Elon Musk, de serrer la main d’Emmanuel Macron et de se voir offrir le pinard en Albanie. La belle vie. Sans parler de la quantité de buffets gargantuesques auxquels il est convié. Il atteint un tel record de passe-droits qu’on se demande si, pour infiltrer les sphères les plus inaccessibles de pouvoir, il ne suffit pas, en fait, de se faire auteur de bande dessinée.