La Tour 2 Contrôle Infernale
d’Eric Judor
Comédie
Avec Eric Judor, Ramzy Bedia, Marina Foïs
Sorti le 10 février 2016
Ernest Krakenkrick et Bachir Bouzouk sont les deux meilleurs officiers de l’armée de l’air française. Destinés à briller dans leurs cockpits, ils sont néanmoins victimes d’une erreur de manipulation lors d’un test de centrifugeuse. À l’issue de cet accident, les deux militaires deviennent débiles et se voient contraints de trier les bagages de l’aéroport d’Orly.
Sorte de parodie décomplexée des films La Tour Infernale (1974) et Piège de cristal (1988), la sortie de La Tour Montparnasse Infernale avait fait grand bruit il y a de cela une quinzaine d’années. D’une part, les fans d’Eric et Ramzy étaient plus qu’enthousiastes à l’idée de voir les deux humoristes passer de la scène à l’écran ; De l’autre, les critiques ne pouvaient masquer leurs divergences de vue face à un film jugé « vide de toute prétention, et aussi (…) de toute référence » par les uns (Le Monde) et « navrant » par les autres (Libération).
La mise en production d’un second volet avait dès lors de quoi susciter une double interrogation : fallait-il parachever l’aventure burlesque des deux laveurs de vitres ? Était-il judicieux de proposer à nouveau deux personnages absents de la scène depuis plus de dix ans ? La réponse sensée et collégiale serait plutôt négative, mais c’est sans compter sur les nostalgiques du duo d’humoristes qui y voient déjà un coup de génie. De notre côté, nous parlerons plutôt d’un coup de grâce à la comédie burlesque.
De fait, La Tour 2 contrôle infernale est construit comme un prequel à l’histoire originelle. Passé cette analepse, le long métrage réalisé cette fois par Eric Judor propose une histoire similaire à La Tour Montparnasse Infernale, mais en plus déjantée. Et c’est là que le bât blesse. Là où le premier opus installait nos deux acolytes en décalage total avec leur environnement, ce nouveau film place l’entièreté des protagonistes dans la marginalité. On coule alors de la comédie burlesque à un délire abscons où tout est permis. Si certains pourront alors se délecter de la série de sketchs proposés et disposés aléatoirement, le film en devient pourtant irregardable.
Rien n’y est cohérent, tout y est exacerbé au point de flirter avec le mauvais goût et enfin, les personnages sont plombés par un vide scriptural rendant certains dialogues assourdissants. Même si tout cela est voulu et trouve un certain sens – c’est le seul – en fin de récit, sa transposition à l’écran ne convainc pas.
En résumé, en parodiant leur propre parodie, Eric et Ramzy se sont sabordés et ont forcé la mise en abîme d’un style d’humour qui avait jadis fait leur succès. Une chose est certaine, tout y est infernal.