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    La Route d’Istanbul, peu de cohérence narrative

    la route d'istanbul poster

    La Route d’Istanbul

    de Rachid Bouchareb

    Drame

    Avec Pauline Étienne, Astrid Whettnall,  Abel Jafri, Patricia Ide

    Sorti le 11 mai 2016

    La Route d’Istanbul, nouveau long-métrage du prolifique Rachid Bouchareb, est un film qui traite la –très médiatisée– problématique des jeunes quittant l’Europe pour servir la cause djihadiste.

    Le récit du film se tisse autour d’Élisabeth (Astrid Whettnal) et sa fille de dix-huit ans, Élodie (Pauline Étienne). Lorsqu’Élodie disparaît pendant un long weekend, Élisabeth pense à une fugue sans graves conséquences. Plus tard, lorsque la police informera cette mère célibataire que sa fille est à Chypre dans l’intention de rejoindre la Syrie, Élisabeth n’en croit pas ses yeux. Elle découvre la face cachée de sa fille qui s’est convertie à l’islam et est déterminée à faire le djihad. Élisabeth décide alors coûte que coûte d’aller à la recherche d’Élodie, entre la Turquie et la frontière syrienne.

    La première partie du film pose des jalons intéressants qui sont les motivations d’Élodie à changer radicalement son mode de vie. Même si cesdites motivations restent encore très nébuleuses, on suit néanmoins les premières séquences qui annoncent assez subtilement la catastrophe à venir. Le parcours de ces deux femmes (magnifiquement interprétées par Astrid Whettnal et la jeune montante Pauline Étienne) qui vivent ensemble mais que tout sépare est assez bien établi, jusqu’au départ d’Élodie. Le spectateur, connaissant les intentions d’Élodie dès les premières minutes du film, est en avance sur le personnage d’Élisabeth, qui imagine sa fille en pleine fugue adolescente. Cette ironie dramatique renforce le caractère presque surréaliste de cette situation qui est, malheureusement, bien réelle pour bon nombre de familles.

    La deuxième partie du film, où Élisabeth décide de partir à la recherche de sa fille, perd nettement de sa saveur. Autant cet objectif pourrait être compréhensible –du point de vue d’un parent-, autant celui-ci ne convainc pas au cinéma. À partir de là, le scénario perd de sa force et a recours à des artifices assez invraisemblables, en passant à côté d’un sujet qui avait pourtant beaucoup de potentiel. Les choix dramatiques se focalisent sur le point de vue de la mère –tentant de surmonter l’insurmontable– alors qu’il aurait sans doute été plus judicieux de s’intéresser plus profondément aux motivations de la jeune fille. Enfin, le dénouement tire dans l’exagération et ajoute à la déception générale. La Route d’Istanbul est un film qui a l’audace de traiter d’un sujet brûlant, mais déçoit par son manque de cohérence narrative, enfermant de très bons comédiens dans des rôles peu crédibles.

    Photo d’illustration ©Hassen Brahiti

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