Titre : La Première-née
Autrice : Amy Harmon
Editions : Charleston
Date de parution : 17 mai 2024
Genre : Fantasy
Amy Harmon fait partie de ces rares auteurs auto-édités qui ont réussi à figurer au palmarès des meilleures ventes de USA Today et du New York Times. Les Chroniques de Saylok est sa première saga fantasy, La Première-née en est le premier tome et il nous a littéralement fait chavirer le cœur.
Maudire les hommes
« On nous maltraite. On se sert de nous. On nous troque, on nous abandonne. Qu’il en soit ainsi. A compter de ce jour, plus aucune fille ne naitra à Saylok. »
Desdémone est une guerrière féroce et elle suscite l’admiration de tous les clans. Lorsqu’elle sera abandonnée par Banruud de Berne alors qu’elle porte leur enfant, sa haine et sa rage lui feront commettre l’irréparable. Agonisante après avoir donné naissance à son fils, elle scellera de son sang une malédiction qui s’abattra sur toute l’île. Puisque les hommes blessent, tuent et maltraitent les femmes, plus aucune fille ne naitra à Saylok. Quant à son fils Bayr, il sera le seul enfant que Banruud de Berne aura jamais. Il incarnera tout ce que les hommes devraient posséder : la force, l’intelligence, la bonté et l’honneur. Toutefois, par un coup du sort ou peut-être du destin, la mort rattrapera Desdémone avant qu’elle ait pu totalement sceller sa malédiction.
Dagmar, gardien du temple et frère de Desdémone, deviendra alors le tuteur officiel de Bayr. Il connait l’incomplétude de la malédiction de sa sœur et il espère qu’elle ne concernera pas l’enfant. Même s’il n’est pas son géniteur, il l’aime comme seul un père sait aimer. Après cette nuit fatidique, la malédiction s’abat sur tous les habitants de Saylok. Aucune naissance de fille ne sera plus jamais recensée.
Le temps passe et lorsque Banruud de Berne se porte candidat au trône vacant de Saylok avec dans ses bras, la première fille née depuis sept ans, il devient le parfait prochain candidat. Cet enfant représente le miracle que tout le monde attendait, le seul espoir pour la nation de Saylok. Mais est-ce que la malédiction de Desdémone est rompue pour autant ?
Une œuvre magistrale
La Première-née est un texte d’une douceur, d’une tendresse et d’une poésie folles. L’autrice possède un véritable talent pour donner vie à des personnages tellement consistants qu’ils en deviennent presque palpables. Son écriture est si juste qu’elle nous les fait aimer, presque dans notre chair, comme s’ils étaient des parents ou des amis. Ce degré d’attachement et d’affection n’est pas commun. Dans une certaine mesure, c’est un peu ce que nous avions éprouvé lorsque nous avions découvert la saga Harry Potter. L’affection que nous ressentions pour les personnages (Dumbledore, Sirius, …) et les douleurs au ventre que nous ressentions lorsqu’ils souffraient sont à peu près comparables. L’amitié pour un personnage fictif est probablement ce qu’il y a de plus fort en littérature, bien loin devant la tendance des « book boyfriend ». L’amitié, la solidarité, le sentiment filial sont ce qui nous permet de vivre des œuvres pleinement dans nos cœurs. Ces ouvrages sont rarissimes et ils méritent d’être mis en avant.
A cet univers de mythologie nordique, brillamment exposé et délivré, nous y avons aussi décelé un soupçon de tragédie classique avec une accointance certaine pour les œuvres des sœurs Brontë. Il y avait comme une ombre de Jane Eyre et de Heathcliff à travers ses pages. C’est aussi une œuvre qui souligne intelligemment le machisme et la misogynie ordinaires et qui expose de manière poétique l’importance des femmes dans le monde.
La Première-née est un récit d’une grande qualité littéraire, elle possède une sensibilité, une intelligence et un réalisme qui nous a littéralement bouleversé tant pour l’affection et la tristesse qui nous ont étreints à la fin de notre lecture. Le seul mot qui convienne à cette œuvre est beauté. C’est une ode à la beauté des sentiments nobles, à la beauté de toutes les formes d’amour, à la beauté de la rudesse des épreuves mais aussi à ce que la vertu de cœurs nobles peut combattre. Il ne faut pas passer à côté de cette histoire parce qu’elle fait tellement du bien au cœur.