Scénario : Eric Corbeyran
Dessin : Jean-Marc Krings
Éditeur : Dargaud
Sortie : 18 septembre 2024
Genre : Aventure
Depuis quelques années le discours sur la Conquête de l’Ouest américain a sensiblement évolué, passant de la figure du bon cowboy et des mauvais indiens, à un discours plus nuancé et parfois même critique sur le rôle des colons blancs dans l’accaparement des terres où vivaient anciennement de nombreuses tribus indiennes. Et c’est à nouveau le cas dans le dernier album de Corbeyran et Krings, La piste de l’Oregon, qui, tout en proposant une aventure dans l’Ouest américain au milieu du siècle dernier nous parle également de colonialisme et de racisme.
1843. Sous la responsabilité du capitaine Patterson, un convoi quitte Independence-Westport à destination d’Oregon City. Bien des aventures attendent les pionniers qui s’élancent ainsi dans ce long périple semé de surprises, de pièges et de dangers… Pierre Charbonnier, jeune trappeur français au coup de poing facile et son épouse Wakanda, indienne sioux au caractère bien trempé ont une mission : s’assurer que chacun des membres du convoi atteigne en bonne santé les verts pâturages de la terre promise !
Un regard critique
Une œuvre possède souvent plusieurs niveaux de lecture et beaucoup pourraient s’en tenir au plus évident, à savoir le récit d’aventure historique – la piste de l’Oregon était un trajet fort emprunté par de nombreux colons avides de grands espaces et de terres vierges et qui fit l’objet de nombreux livres ou films – mais il est également intéressant de se poser des questions en utilisant une grille de lecture plus actuelle, à savoir celle qui prend en compte le droit des peuples à vivre sur leurs terres ancestrales, celle qui s’interroge sur le racisme structurel dans la société américaine ou encore celle qui s’interroge sur le caractère divin, messianique que plusieurs ont utilisé pour justifier de cette colonisation.
Bien entendu, La piste de l’Oregon reste avant tout un récit d’aventure tout public et les thèmes et/ou questions plus polémiques sont abordées de manière assez subtile, néanmoins, on ne peut que saluer que ces questions fondamentales se retrouvent dans un album tout public et pas seulement dans un essai réservé à quelques spécialistes.