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    La Noire de … : une vérité qui dérange

    la noire de poster

    La Noire de… (1966)

    d’Ousmane Sembene

    Drame

    Avec Momar Nar Sene, Ibrahima Boy, Bernard Delbard

    Dans le cadre des soirées cinéma aux Bozar, vous avez peut-être eu l’occasion d’assister à la projection du film «  La noire de… » réalisé par le père du cinéma Africain, Ousmane Sembene. Précédé d’un documentaire sur le réalisateur, ce film de 1966, magistral et injustement oublié, représente aujourd’hui une œuvre majeure pour le cinéma Africain.

    Diouana, jeune femme sénégalaise, décide de suivre en France ses patrons qui l’avaient employée en tant que gouvernante à Dakar. En quête du «  rêve français », Diouana va vite déchanter au contact d’une culture qui n’est pas celle qu’elle avait imaginée. Exploitée et cloitrée, elle va entamer une lente descente aux enfers qui la mènera à sa perte.

    L’actrice principale Mbissine Thérèse Diop irradie l’écran par sa beauté et par sa sensibilité. Prisonnière d’une cage dorée et brutalement arrachée à ses racines, elle subit avec force et réalisme la déchéance de son exil. Ses partenaires blancs à l’écran offrent également une prestation équitable et honnête d’une période que beaucoup préféreraient oublier. La réalisation quant à elle, sobre et léchée laisse toute la place aux messages et à la dureté du sujet.

    La restauration, réalisée grâce à la fondation de Martin Scorsese, permet à ce classique de s’offrir une véritable cure de jouvence et d’ainsi valoriser les performances de ses protagonistes.

    Un film nécessaire, un réalisateur engagé

    Aujourd’hui considéré comme le premier film Africain, « La noire de » est un véritable chef-d’œuvre du 7ème art. Auréolé de nombreux prix, il intrigue encore aujourd’hui ses spectateurs. De par son engagement social et politique, Ousmane Sembene a longtemps marqué les esprits et suscité la controverse. En relatant l’autre visage de l’Afrique, cet ancien docker, né en 1923, restera dans l’histoire comme celui qui en premier a montré du doigt une réalité dérangeante. Homme de lettres et cinéaste reconnu, il laisse dans l’histoire de son pays une marque au fer rouge…

    Dans la situation actuelle, on ne pouvait trouver meilleur hommage qu’une restauration de son œuvre à présent immortelle…

    Elise Voillot
    Elise Voillot
    Journaliste du Suricate Magazine
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