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    « La mystérieuse nuance de bleu », bavard comme un Woody Allen, plein de névroses… en un mot : génial !

    Titre : La mystérieuse nuance de bleu
    Autrice : Jennie Erdal
    Editions : Métailié
    Date de parution : 21 octobre 2022
    Genre : Roman

    Edgar, Eddie de son petit nom, se rend en Ecosse afin de traduire des textes du philosophe David Hume. A Edimbourg, lors d’une soirée ronflante dans laquelle grouille un tas de philosophes qui s’écoutent parler, Eddie fait la connaissance du Docteur Harry Sanderson. Philosophe et enseignant à l’université, ce dernier sort du lot des convives car tout comme Eddie, il s’ennuie ferme à cette petite sauterie. Les deux bougres fuient la soirée pour retrouver la douce et énigmatique épouse de Harry, Carrie.

    Au fil des semaines, les deux hommes apprennent à se connaître et à s’apprécier, notamment lors de parties de pêche dont Sanderson est friand. Cependant, une ombre vient bientôt ternir la vie du professeur quand il soupçonne Carrie d’avoir un amant. Le sort semble s’acharner sur Harry lorsqu’il se voit contraint par son éditeur de rédiger un livre sur le bonheur, concept qui s’éloigne à grands pas de son existence…

    Il y a un petit fond tristounet dans ce roman, certes, mais les tragédies quotidiennes des protagonistes sont traitées avec humour, ce qui rend moins dramatiques un violent eczéma, un soupçon d’adultère ou encore la perte de documents non sauvegardés. Il y a fort à parier que l’autrice écossaise Jennie Erdal était – elle est décédée en 2020 – fan de Woody Allen, pour l’autodérision qu’on retrouve dans le roman. Une citation de l’Américain est d’ailleurs reprise dans le roman, on ne peut se tromper !

    Dans La mystérieuse nuance de bleu, on philosophe un peu, mais pas trop, l’histoire restant très digeste. L’autrice y aborde à travers ses personnages très branchés philo, vous l’aurez compris, l’image du bonheur, de la parentalité et dissèque la relation de couple avec beaucoup de maîtrise.

    Ce qui rend ce roman encore plus authentique, ce sont les aspects autobiographiques que Jennie Erdal y a intégré. Notamment par le biais d’Eddie, qui incarne à merveille l’une des facettes professionnelles de l’autrice qui a été, entre autres, traductrice de russe pendant des années. Dans ce milieu, il faut accepter d’exécuter un travail de titan, à savoir retranscrire les idées de l’auteur tout en adoptant son style et ce, sans reconnaissance du grand public. Dans le présent roman, ce travail de l’ombre est brillamment exécuté par Gilles Robel, l’un de ces discrets orfèvres des mots dont le travail formidable nous permet d’élargir nos horizons.

    Petite cerise sur le haggis : les amateurs d’Edimbourg apprécieront les descriptions de la ville qui leur rappelleront ces inoubliables escapades dans la capitale écossaise.

    Contrairement aux personnages qui se trouvent bien seuls face à l’enthousiasme éprouvé pour leur passion qu’est la philosophie, nous espérons vivement vous avoir transmis notre propre enthousiasme pour ce livre. Le seul regret que nous ayons est qu’il soit le dernier de l’autrice.

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