Un homme idéal
de Stéphane Brizé
Drame social
Avec Vincent Lindon, Xavier Mathieu, etc.
Sorti le 10 juin 2015
Stéphane Brizé est bien inspiré par Vincent Lindon : c’est déjà la troisième fois qu’il travaille avec le comédien et, à chaque fois, Lindon se retrouve dans la peau d’un homme simple : qu’il soit maçon, ex-taulard ou, cette fois-ci, cinquantenaire au chômage. Chez Brizé, l’acteur n’est pas glamour, parfois même plutôt enlaidi. Est-ce que cette manière d’exploiter sa muse fait du film de Brizé un objet cinématographique intéressant ?
Le film raconte la croisade de Thierry qui, à 50 ans, perd son emploi pour des raisons économiques et se retrouve englué dans le chômage : ses formations inutiles, les fausses promesses ou les métiers précaires. Il a besoin de travailler pour lui-même, mais aussi pour sa femme et son fils, handicapé. Un jour, il est embauché comme gardien de sécurité dans un grand magasin. Il sait qu’il n’aura pas forcément d’autres chances et, quand il doit surveiller le personnel afin que la direction ait des motifs de les renvoyer, il se retrouve en plein dilemme moral : doit-on aider à faire virer des gens pour pouvoir garder son propre emploi ?
Ce n’est pas dans le sujet que l’on trouve l’intérêt du film : un concept social déjà vu (quoique nécessaire), l’obligation de matraquer le malheur des gens simples en donnant au héros un fils handicapé, en multipliant les scènes d’humiliations de personnes virées sans égards ou encore de voleurs du dimanche. Le parcours du combattant de Thierry n’est pas la force du film. La force du film est dans l’interprétation des différentes scènes de la vie quotidienne de ces chômeurs ou travailleurs précaires. Si l’utilisation de comédiens amateurs, souvent dans un rôle proche de leur véritable métier, rend les scènes réellement crédibles, il ne faut pas enlever la prouesse de Vincent Lindon qui s’intègre totalement au milieu de ces protagonistes et livre une performance époustouflante de réalisme dans un monde qui n’est, pourtant, vraiment pas le sien.
Au final, La loi du marché, c’est un sujet misérabiliste parfois un peu poussif mais c’est aussi surtout, une interprétation fantastique de Vincent Lindon (récompensée par le prix d’interprétation à Cannes) au milieu de comédiens amateurs irréprochables, qui captivent totalement le spectateur pendant 1h30, durée idéale qui évite de fatales longueurs.