Scénario : Cédric Mayen
Dessin : Cristiano Crescenzi
Éditions : Dargaud
Sortie : 07 juin 2024
Genre : Histoire
La fleur au fusil de Cédric Mayen et Cristiano Crescenzi qui évoquent les révoltes populaires dans l’Italie de la seconde moitié du dix-neuvième siècle n’est pas le premier ouvrage paru aux éditions Dargaud évoquant un épisode historique spécifique. Ainsi Vingt décembre, chroniques de l’abolition s’intéressait à l’abolition de l’esclavage sur l’île de La Réunion, Harlem nous parlait de l’émancipation des populations afro-américaines dans le New-York du début du vingtième siècle et Charlotte impératrice le sort mouvementé de la fille unique de Léopold 1er qui la mènera jusqu’au Mexique.
En 1868, dans la province qui s’étend entre Rome et Naples, un groupe de brigands planifie une embuscade contre l’armée piémontaise, qui régit d’une main de fer toute l’Italie depuis que Garibaldi a initié le Risorgimento, l’unification nationale italienne. À sa tête : Francesco Guerra, ancien soldat entré en rébellion contre ce nouvel État qui assomme le peuple de taxes ; et sa compagne, la troublante Michelina di Cesare, qui a réussi l’exploit d’unifier les ciociari, ces fermiers-brigands vivant dans le maquis. D’un sang-froid à toute épreuve, Michelina abat froidement les soldats pris en embuscade. Mais d’où lui vient cette haine farouche ? Serait-elle, comme dans les histoires que raconte son frère Nino, une janara, figure folklorique à mi-chemin entre harpie et sorcière ?
A l’heure où partout en Europe, l’idée nationaliste revient en force, il est utile de se pencher sur la création des Etats-nations au 19ème siècle et réaliser à quel point cette recomposition territoriale ne s’est pas faite sans heurts. Car si le sentiment national est parfois balbutiant, le sentiment d’appartenance à une communauté plus étroite s’est forgé au cours des siècles qui ont précédé la formation de ces Etats. Et c’est bien ce que montre La fleur au fusil, qui, outre le fait d’être une passionnante histoire d’aventure met en exergue les disparités entre le nord et le sud de la péninsule, différences non seulement géographiques mais aussi économiques, les régions du nord étant déjà à l’époque, plus riche que celles du sud.
Outre cette rivalité économique – de classe même – La fleur au fusil met également en avant une icône féminine forte qui a su s’imposer dans un monde typiquement masculin.
Pour tous ceux qui s’intéressent à l’histoire italienne mais également aux figures du féminisme, La fleur au fusil est d’une lecture agréable qui devrait vous en apprendre plus sur cette période de l’histoire récente.