Titre : La Fille du Diable
Autrice : Jenni Fagan
Editions : Métailié
Date de parution : 11 février 2022
Genre : Roman
En 1910, la jeune Jessie arrive à la rame au port d’Edimbourg. C’est la fille du diable. Avec ses cheveux, elle cache soigneusement les petites cornes qui poussent sur sa tête avant de se rendre au numéro 10 de la rue Luckenbooth. Elle a été vendue par son père à Monsieur Udnam, le propriétaire de l’immeuble, homme riche et influent de la ville, pour porter l’enfant que ce dernier ne parvient pas à concevoir avec sa fiancée Elise. Malheureusement, les choses ne se passent pas comme prévu. Une passion amoureuse naît entre Élise et Jessie. Cet amour grandit au même rythme que la haine de Monsieur Udnam vers Jessie et l’enfant qu’elle a mis au monde. Jusqu’au jour où un drame se produit. La vie se poursuivra malgré tout dans l’immeuble, les locataires se succèderont d’étage en étage, comme poursuivis par l’âme du bâtiment.
La Fille du Diable retrace, décennie par décennie, les tranches de vies de ces nombreux locataires. Le point commun entre ces personnages est une vie en marge de la société et des normes sociales. On retrouve un poète homosexuel, une cheffe de gang, un mineur allergique au soleil, une médium et son perroquet, une espionne de la Seconde Guerre mondiale, un junkie, etc. Tous sont, d’une façon ou d’une autre, victimes de quelqu’un ou de quelque chose. En dehors de cela, rien ne les relie entre eux. Ils ne rentrent jamais en interaction. À peine certains savent-ils qui habite quel appartement ou qui a vécu quel drame.
Le lecteur n’en sait d’ailleurs pas plus sur les uns et les autres. La lecture nous immerge dans leurs vies sans préambule, sans mise en contexte, sans explication. Certains font référence à des éléments non expliqués ou partent dans des réflexions philosophiques. Résultat : la lecture est compliquée, parfois incompréhensible, voire ennuyeuse. Le lecteur parvient difficilement à s’attacher aux personnages, tous particuliers, qui ne font que passer.
De plus, l’avancée dans le temps et les époques est un élément peu exploité. Certes, certains grands événements historiques sont cités, mais l’évolution contemporaine de la société et des mœurs est quasi inexistante. C’est bien dommage pour un roman qui a pour ambition de présenter des personnages en marge de la société. Cela donne l’impression que le récit est figé dans le temps, alors que c’est a priori tout le contraire. En outre, la présence de la fille du diable reste encore un mystère… Difficile de comprendre ce que cette filiation particulière apporte à l’histoire. Tout au long de cette lecture, nous attendons une étincelle, un élément subtilement amené qui ferait office de révélation. Malheureusement, le dénouement est amené gauchement et se laisse deviner facilement.
En conclusion, La Fille du Diable est une lecture décevante. C’est un roman un peu fourre-tout qui n’exploite les capacités de son synopsis. La fin du récit ne parvient pas à remonter le niveau de l’œuvre et laisse le lecteur engourdi et dépité.