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    « La Figurante » : s’observer vivre sa vie

    Titre : La Figurante
    Autrice : Pauline Klein
    Editions : Flammarion
    Date de parution : 8 janvier 2020
    Genre : Roman

    Avez-vous déjà eu cette impression bizarre d’être à la fois acteur et spectateur de votre vie ? C’est ce sentiment étrange de dédoublement et du rôle que l’on se donne à jouer dans la société que Pauline Klein met à l’avant dans son roman La Figurante. Dotée d’une écriture fluide et d’un regard sans complaisance, la romancière décortique la relation à soi-même et aux autres et à leurs attentes que l’on choisit d’honorer ou pas, puisqu’on a le choix en effet.

    Le personnage principal, Camille Tazieff, est une jeune adulte, qui a – comme tous à cet âge – la lourde mission de définir les contours de sa vie, après avoir grandi avec une mère qui lui avait assigné la tâche de réussir socialement. Donc Camille, ne sachant pas trop quel rôle jouer à la fin de ses études, se décide à partir à New-York et à y trouver un job dans une galerie d’art, pour se donner du cachet et donner un début de consistance à l’injonction parentale…

    Cette période new-yorkaise est une opportunité pour l’autrice de mettre à nu tous les clichés sur l’expatriation, le monde de l’art et New-York. En effet, comme le chante Sinatra dans New York New York, cette ville-monde occupe une place bien spéciale dans l’imaginaire collectif. La réalité des prix, entre une vie new-yorkaise excessivement chère et le besoin de s’habiller de manière pointue pour paraître à sa place dans le monde de l’art, l’amènera à jouer le rôle de la petite amie de son banquier pour s’octroyer ses largesses et à frayer dans la téléphonie érotique.

    Les deux autres axes principaux du roman s’articulent autour du retour à Paris après deux ans d’expatriation, avec un glissement du monde de l’art vers celui de l’écriture, et des fiançailles et un mariage perçu comme sacrifice ultime aux conventions et injonctions qui régissent nos existences.

    Un point fort du livre est le récit sans fard de la puissance du désir sexuel qui semble sauver Camille de son vague à l’âme car « le corps est dans l’ici et le maintenant » et le fait qu’être désirée lui donne la certitude d’exister. A travers son job dans la téléphonie érotique, elle s’invente de multiples identités et en ressent jouissance et puissance.

    On se questionne sur la part d’autobiographie dans ce roman, impression renforcée par une narration à la première personne. Avant de devenir écrivain comme son personnage, Pauline Klein a elle-même travaillé dans une galerie d’art à New-York et dans la mode. Et c’est d’ailleurs, non sans une pointe d’ironie, qu’elle fait dire à un éditeur : « essayez de me trouver un semblant d’histoire qui ne se rapproche pas tant de la biographie de votre personnage principal » et que son personnage se dit qu’échapper au désastre est possible tant « qu’une autre vie pouvait être pensée », « à côté de la sienne ». Ce roman questionne beaucoup la question de l’identité et de la place dans la société. Mais la quête d’être soi n’est-elle pas une injonction supplémentaire ?

    On pourrait lui faire reprocher à l’auteur une narration sans réelle intrigue ni épilogue convaincant. Le sujet même du livre ne plaira pas à tous car il s’appesantit en filigrane sur l’ennui et le côté obscur de la condition humaine. Toutefois, force est de reconnaître que Pauline Klein a une voix singulière et fait preuve d’une psychologie fine et efficace.

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