Ecrit et mis en scène par Rafael Spregelburd, avec Bernard Breuse, Miguel Decleire, Kristien De Proost, Pierre Sartenaer, Mélanie Zucconi
Du 01 au 22 octobre 2015 au Théâtre Varia
Après avoir vu le tableau de Jérôme Bosch, Les Sept Péchés Capitaux, le metteur en scène argentin Rafael Spregelburd n’a qu’une envie, celle de réaliser sept pièces de théâtre qui illustreraient le tableau en version théâtrale. La estupidez (traduisez : La Connerie) s’inscrit dans ce projet grandiloquent, où il est en effet question de dévoiler la stupidité sous toutes ses formes. Une ambition démesurée et un pari osé qui ne séduisent qu’à moitié.
Très surprenant au premier abord, le décor représente l’environnement d’un motel qui renvoie à l’imaginaire collectif des séries télévisées américaines. Dans cet univers de studio, le ton est directement donné : libre, passant du vaudeville au burlesque, avec quelques pointes d’ironie. Les histoires se succèdent sans réel point d’ancrage, si ce n’est une chambre de motel où les péripéties s’enchaînent.
C’est dans ce même lieu où s’établissent des histoires à y perdre la raison, des histoires de policiers amoureux, d’une famille dysfonctionnelle, d’un scientifique mégalomane, de vacanciers avares, de voleurs de tableau ou encore d’ouvreuses de cinéma en perdition. Ces différentes couches narratives se succèdent à tour de rôle, tout en gardant les mêmes (rudement doués !) cinq acteurs qui tenteront de se dépêtrer de leur maladresse pendant plus de trois heures. Ces mêmes acteurs, dans une ruse chorégraphiée, se plairont à disparaître et réapparaître sur scène sous le regard médusé du spectateur. Voilà donc une mise en scène complexe et très intéressante qui permet de participer avec plaisir aux rebondissements de chaque saynète.
Malheureusement, malgré quelques touches d’humour bienvenues, Rafael Spregelburd ne parvient à tenir tête à son ambition première. Au bout d’un moment, lorsque la magie du jeu d’acteur ne fait plus vraiment d’effet et devient systématique, la liberté de ton agace et le spectacle prend une tournure très complaisante. Certes, cet imbroglio d’histoires réunit sous la même chapelle différentes manières d’évoquer l’idiotie, mais l’humour potache, le récit alambiqué et les longueurs inutiles finissent par ternir vilainement ce qui se présentait comme une farce gourmande sur la bêtise humaine.