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    La caravane de Mère Courage arrive au Théâtre des Martyrs

    De Bertolt Brecht, adaptation & mise en scène de Christine Delmotte-Weber,  avec Daphné D’Heur, Soufian El Boubsi, Alain Eloy, Sarah Joseph, Anthony Sourdeau, Romina Palmeri, Valentin Vanstechelman, Jérémie Zagba, Bogdan Zamfir. Du 16 au 30 octobre 2019 au Théâtre des Martyrs. Crédit photo : Gaël Maleux

    Bertolt Brecht est en exil en Scandinavie quand, en 1938-1939, écrit la pièce Mère Courage et ses enfants. C’est la période où l’Allemagne entre en guerre, le début de la Seconde Guerre mondiale et il raconte une histoire qui se déroule pendant la Guerre de Trente Ans : comme quoi, la guerre n’a pas vraiment de noms. C’était la même il y a des siècles et c’est la même aujourd’hui. Presque. Plus contemporaine, quand même, plus diplomate et stratégique.

    C’est pour cela que la mise en scène de Christine Delmotte-Weber, à l’empreinte tout à fait contemporaine, apparaît cohérente et pertinente. Les Protestants habillés d’une manière, les chrétiens d’une autre : c’est ainsi que une guerre qui a eu lieu il y a quatre cents ans peut aussi nous raconter l’hypocrisie de la société de nos jours, la violence de la disparité qui empoisonne notre époque. Un triptyque de guerres, de Brecht à aujourd’hui, qui exprime le caractère immuablement atroce du conflit, qui oppose des hommes à des hommes, et des hommes à leurs propres principes.

    Mère courage est une cantinière qui passe de champ de bataille en champ de bataille en tirant sa caravane à l’aide de ses trois enfants et de ses compagnons d’aventure. Ils défient le conflit et l’exploitent jusqu’à ce que la guerre prenne le dessus, et là on assiste à un des scénarios les plus durs pour une mère : elle voit mourir ses deux fils et sa fille, l’un après l’autre, tués d’une manière ou d’une autre par la guerre. La même guerre qui lui permettait de gagner sa vie, avec son commerce. Et tout ça on le vit comme spectateur passif de cette histoire, de manière presque détachée.

    La mise en scène offre une esthétique soignée et particulière, mais on n’arrive pas complètement à saisir le drame du conflit ni la complexité des enjeux sociaux. La progression des événements est projetée en haut de la scène et l’aspect émotionnel est traité sans trop de relief. Mère courage et ses enfants nous plonge dans les paradoxes de la guerre, mais on en sort sans blessure, comme si on avait pas assisté à une tragédie. Remarquables le jeu d’acteur et les voix chantées qui font plonger le spectateur dans un univers tout à fait original, mais plus qu’une distanciation brechtienne on vit une distance tout court, une séparation entre la salle et la scène qui, peut-être, pénalise le propos dramaturgique.

    Elisa De Angelis
    Elisa De Angelis
    Journaliste du Suricate Magazine

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