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    La Bonne âme du Se-Tchouan des Baladins du Miroir

    De Bertold Brecht, mise en scène de François Houart, Gaspar Leclère, avec Andreas Christou, Stéphanie Coppe, Monique Gelders, Aurélie Goudaer, François Houart ou Gaspar Leclere, Geneviève Knoops, Diego Lopez-Saez, David Matarasso, Virginie Pierre, Julien Vanbreuseghem

    Du 06 au 15 novembre 2015 sur la place du Grognon à Namur

    La réputation de la troupe Les Baladins du Miroir n’est plus à faire. Aussitôt arrivés sur la place du Grognon, à Namur, le décor est planté : les jolies caravanes de la compagnie, le vaste chapiteau multicolore qui accueille le spectacle et les guirlandes de lampions nous plongent immédiatement dans l’univers si spécial de la troupe créée par Nele Paxinou il y a près de 30 ans. Au programme de la bande de joyeux artistes ce soir : La Bonne Âme de Se-Tchouan, écrite par Bertolt Brecht en 1938.

    Comme au cirque, nous sommes assis sur des bancs en bois qui prennent place tout autour de la scène circulaire où les comédiens vont jouer devant nous pendant près de 2h30. Tout commence dans la région chinoise et reculée du Se-Tchouan (Sichouan) où trois Dieux rencontrent Wang, un porteur d’eau à qui ils demandent une adresse où ils pourraient loger. Face aux refus successifs des habitants, Wang finit par les diriger vers Shen-Té, une jeune prostituée qui accepte in fine de les héberger. Lors de leur départ le lendemain matin et pour la remercier de son hospitalité, les Dieux lui donnent une manne d’argent qui permet à la jeune femme de changer de train de vie et d’acheter un débit de tabac. Surnommée « l’ange des faubourgs » par les habitants de la ville pour sa bonté d’âme, Shen-Té va vite devenir la proie des commerçants et voisins peu scrupuleux. Face à cette situation qui lui échappe, Shen-Té invente le personne de Shui-Ta, un cousin homme d’affaires qu’elle incarne pour parvenir à tenir tête à ses interlocuteurs et à maintenir la rentabilité de sa boutique. Mais cela sera-t-il suffisant pour ne pas devenir avides et intéressés comme les autres ?

    Se déroulant dans un contexte de misère sociale du début à la fin, la pièce critique ouvertement le système capitaliste et ses dérives (mesquineries, individualisme, égoïsme, corruption) contre lequel un seul individu ne peut pas lutter puisque c’est l’ensemble de la société qui est gangréné. Dans un décor onirique et à l’aide de moyens créatifs (les ombrelles, pièces de vélo deviennent tour à tour des instruments de musique), les Baladins du Miroir signent une interprétation de La Bonne Âme du Se-Tchouan juste, inventive et complètement dans l’ère du temps.

    Annabelle Duaut
    Annabelle Duaut
    Journaliste du Suricate Magazine

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