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    La ballerine de Kiev, de l’importance de la culture

    Titre : La ballerine de Kiev
    Autrice : Stéphanie Perez
    Editions : Récamier
    Date de parution : 29 août 2024
    Genre : Roman

    Mettre des mots sur une situation aussi tragique qu’une guerre n’est jamais chose aisée, d’autant plus si on choisit la forme romancée pour évoquer la tragédie des civils et de tous ceux qui n’ont pas choisi d’initier ce carnage. Raison pour laquelle la curiosité se mêlait à l’inquiétude avant de débuter la lecture de La ballerine de Kiev, le nouveau roman de Stéphanie Perez, déjà autrice de Le gardien de Téhéran, une plongé dans la réalité iranienne actuelle. Et si je pourrais émettre quelques réserves sur la forme, les questions que posent cet ouvrage sont essentielles et universelles.

    Février 2022, comme toute l’Ukraine, aux premiers jours du conflit, les danseurs du ballet de l’Opéra national de Kiev sont happés par la guerre. Dmytro, danseur étoile, s’engage dans l’armée sans hésiter. Une fois la terreur dépassée, Svitlana, sa femme également étoile, devient secouriste. Eux qui menaient une existence centrée sur leur corps et leur art découvrent la solidarité, la résistance, mais aussi la peur et la mort. Les corps parfaits sont mutilés, les amitiés qui semblaient solides sont brisées par la trahison.

    Une forme qui dérange

    Le danger quant on utilise la forme du roman au lieu de celle du documentaire fait de témoignages comme le fait si bien Svetlana Alexandrovna Alexievich est de choisir un ton, des tournures de phrases un peu trop enlevées, qui incitent un peu trop facilement à verser une larme et versent dans le pathos. Et il me semble que le roman de Stéphanie Perez n’est pas exempt de ce genre de défaut.

    Néanmoins, si on peut faire quelques reproches sur la forme, le fond quant à lui est irréprochable. D’une part car il nous rappelle la dure réalité que vit depuis plus de deux ans le peuple ukrainien, obligé de poser des choix que nul ne devrait avoir à faire, et d’autre part, car il pose des questions universelles qui s’appliquent à tous les conflits.

    Se battre aussi pour la culture

    Parmi celles-ci, la question de l’importance de l’Art est selon nous la plus importante. Car comme l’héroïne, on peut se demander l’utilité de la danse et de la culture en général alors que tout s’effondre autour de soi ? Mais lorsque l’on s’intéresse aux objectifs avoués des agresseurs, à savoir éliminer la langue et la culture ukrainienne qu’ils nient à grand frais de propagande, on ne peut qu’être convaincu du bien-fondé du combat pour la culture, langue et traditions qui définissent un peuple. En ce sens, La ballerine de Kiev remplit parfaitement ses objectifs.

    Si le sujet vous intéresse, vous pourrez retrouver sur ARTE un documentaire en quatre épisodes sur les danseurs de l’Opéra National de Kyiv.

    Vincent Penninckx
    Vincent Penninckx
    Responsable BD

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