Scénario : Séverine Vidal, Catherine Dolto
Dessin : Alicia Jaraba
Éditeur : Seuil / Delcourt
Sortie : 26 août 2020
Genre : Biographie, Roman graphique
Après la sortie du tome 1 de L’onde Dolto en octobre 2019, le diptyque est désormais complet. Le tome 2, qui vient de paraître, explore la deuxième année d’antenne de l’émission radio « Quand l’enfant paraît ». Ce rendez-vous hebdomadaire animé par la psychanalyste Françoise Dolto et un journaliste de France Inter a marqué toute une génération de parents dans les années 1970.
La parole des familles
Au centre de l’approche Dolto : libérer la parole. Celle des enfants, mais aussi des parents. Le grand intérêt de la bande dessinée est d’illustrer plusieurs témoignages de parents relayés dans l’émission radio. Ces petites anecdotes permettent ainsi d’aborder plusieurs thèmes importants de l’éducation des enfants tels que les jouets sexués, la fascination pour le feu, la peur de l’eau, l’éveil à la sexualité…
À chaque fois, Françoise Dolto prodigue des conseils pratiques aux familles en détresse. Comme dans le tome 1, le récit de la vie personnelle de Dolto alterne avec les émissions radio, ce qui rend le personnage d’autant plus attachant. L’onde Dolto souligne aussi les effets de la notoriété sur la pratique médicale de Dolto, la forçant à mettre fin à ses consultations pour éviter « le mélange des genres ».
Une approche encore controversée aujourd’hui
Si la psychologie de l’enfant telle que défendue par Françoise Dolto est pleine de bon sens, elle est parfois dérangeante. L’émission n’échappe pas à la polémique, par exemple lors Dolto aborde les questions liées à la sexualité. On lui reproche par exemple d’avoir signé une pétition défendant l’abaissement de la majorité sexuelle à 15 ans.
Dans une postface engagée, la fille de Françoise Dolto et co-scénariste de la BD, Catherine Dolto, prend la défense de sa mère. Elle rappelle les nombreux malentendus sur la pensée Dolto (qui ne promeut pas l’idée d’un « enfant roi ») et regrette que les préceptes en vogue en ce début du XXIe siècle soient encore si peu adaptés à la psychologie de l’enfant. Elle dénonce une négation de « l’enfant-sujet-désirant, acteur de son histoire ». À la place, elle déplore une image « pure » et « insipide » qu’on colle aux enfants car elle est plus « vendeuse » et « moins dérangeante » pour les adultes.
Les deux tomes pris ensemble forment un ouvrage plaisant et stimulant, sur le fond comme sur la forme. Un beau cadeau à offrir à ceux que l’éducation des enfants intéressent mais qui n’ont pas toujours le temps ou le courage de se plonger dans des ouvrages plus complexes.