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    « Kursk » contre la montre

    Kursk
    de Thomas Vinterberg
    Historique, Drame
    Avec Matthias Schoenaerts, Léa Seydoux, Colin Firth
    Sorti le 7 novembre 2018

    Août 2000. Le sous-marin nucléaire KURSK sombre au fond de la mer de Barents suite à l’explosion de l’une de ses torpilles. À bord, 23 marins parviennent à se réfugier dans l’unique compartiment laissé intacte. Tandis que les marins se débattent pour survivre, leurs familles luttent désespérément face au silence politique. Bien que les tentatives de sauvetage du gouvernement russe échouent, les autorités militaires refusent d’accepter l’aide internationale. Pour les survivants et leurs familles, une course contre la montre s’engage.

    Le plus difficile quand on doit raconter une histoire est de choisir un récit dont la fin est déjà connue. Ça l’est d’autant plus quand on choisit de réaliser un film catastrophe car c’est un genre presque à part entière. On se souvient de Titanic de James Cameron – dont on connait plutôt bien l’issue – ou encore Les Survivants de Frank Marshall avec Ethan Hawk, récit de l’aventure des rescapés du crash d’un avion dans les Andes. Ces films nous laissaient tout de même du suspense voire de l’espoir, car on sait dès l’entame du récit qu’il y aura des rescapés et que c’est leur histoire que l’on va nous conter. C’est de ce postulat que part Kursk bien que la fin tragique de l’histoire reste connue.

    Ce qui d’entrée est perturbant est la volonté de prendre des acteurs non-russes pour jouer des personnages russes. On se retrouve avec des acteurs (un peu banquable), Mathias Schoenaert et Léa Sédoux, qui jouent en anglais avec un faux accent russe. Comme dans un mauvais film américain dans lequel les acteurs prennent l’accent allemand même quand ils parlent entre eux. Évidemment, cela fausse toute velléité de réalisme et décrédibilise le propos. Ajoutons à cela une romance clichetonante et des histoires de « montre » et de « lettre à mon fils » qui finissent de rendre le récit mièvre, à la limite du pathétique.

    L’autre particularité de ce récit est qu’il est traité sous différents points de vue et, au-delà de la lutte pour la survie des rescapés coincés dans le sous-marin, on nous donne à voir les tractations politiques et la lutte des familles pour savoir la vérité. Le film y perd encore de sa saveur. Emberlificoté dans un récit qui part dans tous les sens, Thomas Vinterberg nous présente un scénario sans conviction ni nuances, où les « méchants-vieux-amiraux-russes » refusent l’aide du « gentil-général-britannique ». « La courageuse-future-veuve » se bat contre le pouvoir pour l’avenir de ses enfants et son « mari-courageux » (aussi) se bat pour sa survie. Au final, l’histoire manque cruellement de positionnement et, hormis le traitement claustrophobie du combat des marins, le reste du récit semble tout de même assez fade et peu réaliste.

    Avec un scénario sans grande surprise et un traitement de la mise en scène d’un autre âge, Kursk est un film catastrophe qui refuse d’assumer totalement son genre et échoue dans sa volonté de traiter les différents points de vue du drame. Je recommanderai donc plus de revoir les très bons films du genre : Les Survivants (Frank Marshall), Titanic (James Cameron) ou, plus proche de nous, 127 Heures (Danny Boyle).

    Bruno Pons
    Bruno Pons
    Journaliste du Suricate Magazine

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