De Denis Laujol et Emilie Guillaume. Mise en scène de Denis Laujol. Avec Emilie Guillaume et Felipe Salas. Du 31 janvier au 18 février 2023 au Théâtre de Poche.
Emilie est un petit bout de femme énergétique, survoltée mais surtout une warrior. Par le passé, elle a été cascadeuse, formée aux arts martiaux en Chine, elle sait donner des kicks en pleine tête. Mais à qui sont-ils destinés ? Sa réponse est sans équivoque : « … à des monstres ».
Dès que l’on entre dans la salle de spectacle, nous distinguons une femme et un homme qui font des mouvements de gymnastique. Ils s’échauffent, font des abdos, des roues, des exercices de souplesse. Ensemble, un corps face à un autre corps, parfait miroir des mouvements de l’autre. Les yeux aussi sont des miroirs. Ces deux êtres se parlent sans remuer les lèvres. De ce binôme jaillit une complicité immense. Pendant que nous prenons place, ils nous adressent des regards reflétant l’excitation et l’angoisse. Les soirs de première ont toujours cette atmosphère fébrile. Nous sommes le premier public, leur premier saut dans le vide…
Depuis l’enfance, Emilie est une petite fille un peu garçon manqué. Elle aime faire du skate-board, elle est différente. Elle accusera les moqueries et les reproches. C’est là que les monstres naissent, dans l’obscurité de sa chambre d’enfant. A travers le pudique récit de sa vie, nous pouvons reconnaitre les schémas qui ont servi à la construire, à la modeler jusqu’à cette femme qui se dévoile à nous aujourd’hui.
Paillettes et nunchaku
C’est Denis Laujol qui pilote la mise en scène de cette pièce explosive. Plus tôt dans l’année, nous avions pu admirer son précédent spectacle Je ne haïrai point, également en résidence au théâtre de Poche. Pour Kung Fu, nous assistons à quelque chose de totalement différent que l’on pourrait qualifier d’hybride entre une démonstration d’art martial et de théâtre.
Petit coup de cœur pour la scénographie très esthétique créée pour la pièce. L’atmosphère est colorée, pailletée, un savant mélange de punk rock funky. Nous passons d’univers en univers et le jeu sur les lumières souligne et accompagne avec élégance les transitions et les changements de rythme.
Love story
Nous vous parlions plus tôt de deux personnes sur scène. Nous nous sommes intéressés à Emilie Guillaume mais pas à son acolyte, Felipe Salas. Couple sur scène et couple à la vie. Le récit de leur love story nous a touché par sa sincérité et sa pureté. Il y a dans l’harmonie entre ces deux êtres nés à des milliers de kilomètres l’un de l’autre, un accent de conte de fées et de promesses qu’à travers l’amour de l’autre, peut jaillir en nous une force capable de guérir nos blessures.