King Arthur : la légende d’Excalibur
de Guy Ritchie
Aventure
Avec Charlie Hunnam, Jude Law, Astrid Bergès-Frisbey
Sorti le 10 mai 2017
Dans cette libre adaptation de la geste Arthurienne, Guy Richie (Sherlock Holmes, Snatch) tente de raconter l’histoire de Arthur Pendragon (Charlie Hunnam), roi légendaire, créateur de la table ronde et initiateur de la grande quête du Graal. Une adaptation tellement libre qu’elle s’éloigne de l’histoire originelle et que l’utilisation même du nom d’Arthur en devient un non-sens. Robert comme titre et une épée de pouvoir aurait tout aussi bien pu faire l’affaire tellement le scénario est à des années-lumière du récit de Chrétien de Troyes. Passons sur le fait qu’Arthur est un enfant légitime et que celui qui devrait être son fils, Mordred (Rob Knighton), est le « grand méchant » du début. Mais est-il possible de faire un film sur ce thème sans y inclure Merlin ? Dans le récit initial, ce mage est le guide, le professeur du futur roi Arthur. Et l’éliminer, c’est se priver d’un des personnages les plus mythiques de la légende.
On peut accepter qu’un auteur fasse sa propre version en partant des héros de cette chanson de geste pour y apporter sa patte, son originalité, mais ici on atteint un tel niveau de platitude scénaristique que même les polders de Hollande paraitraient pour de la haute montagne. C’est un mélange de Blanche-Neige mixé avec un peu de Conan le Barbare et quelques bribes du Seigneur des Anneaux. Pour résumer le début : le papa d’Arthur, le roi Uther Pendragon (Eric Bana), est tué par son « méchant frère », Vortigern (Jude Law), qui veut prendre sa place. Ce dernier fait un pacte avec un mage, Mordred, pour tuer Uther et sa famille. Mais son fils, le jeune Arthur, en réchappe et disparaît. L’enfant est alors élevé parmi les prostituées d’un bordel et apprend à se battre avec les garçons des rues de Londinium. La suite est aussi difficile à deviner que la fin de Titanic et l’on se demande pourquoi on nous inflige deux heures de film pour ça.
Il est vrai que c’est une production hollywoodienne et que, même si le scénario est sans surprise, on devrait profiter d’une mise en scène grandiose et d’effets spéciaux qui nous en mettent plein la vue. Si l’on reconnaît le style « clipesque » de Guy Ritchie tout au long du film, on assiste à un spectacle marqué par une volonté farouche de se montrer original tout en plagiant des univers déjà utilisés. Dès la première scène, « les méchants » attaquent avec des éléphants géants. On n’avait rien vu d’aussi novateur depuis que Peter Jackson avait utilisé le même type de pachydermes dans le Seigneur des Anneaux. Ajoutez à cela une tour avec une boule de feu en son sommet et ça commence à devenir légèrement suspect.
On pourrait aussi accepter qu’un scénario soit moyen (et ici c’est un euphémisme) si les personnages sont drôles ou magnifiés, ou en tout cas attachants. Mais là non plus le compte n’y est pas. Le personnage principal a autant de charisme qu’un nominé de Secret Story saison 3 et son humour ne nous atteint pas tellement il est transparent. Dans la continuité des idées originales plagiaires, Guenièvre (Astrid Bergès-Frisbey) peut prendre le contrôle d’êtres vivants en changeant de couleur d’yeux, capacité traitée dans Game of Thrones. D’ailleurs, Guy Richie nous case au passage toute une tripotée d’acteurs issus de cette série au cas où les références à cet univers ne suffisaient pas. Quand à Jude Law, on le retrouve comme une âme en peine, poussif et sans conviction dans l’un des plus mauvais rôles de sa pourtant brillante carrière.
Que vous soyez adepte ou non de la légende du Graal et des chevaliers de la table ronde, King Arthur : La légende d’Excalibur est déconseillé même (et surtout) pour les amateurs d’ « Heroic Fantasy ». Les effets spéciaux sont moyens, sans originalité, le scénario est vide comme le tunnel Arts-Loi un dimanche sans voiture et les personnages creux comme un discours de Charles Michel. Il est donc plus à-propos de voir (ou revoir) les trois films suivants : le grand classique Les Chevaliers de la Table Ronde (1953) de Richard Thorpe avec Richard Taylor et Ava Gardner, le « so 80’s » Excalibur (1981) de John Boorman et enfin le cultissime Sacré Graal ! (1975) des Monty Python.