Kiki, Love to Love
de Paco León
Erotique, Comédie
Avec Natalia de Molina, Alexandra Jiménez, Álex García
Sorti le 24 août 2016
Adapté, à la demande de Vertigo Production, du film The little death (If you love me…), écrit et réalisé par l’Australien Josh Lawson en 2014 ; Paco León, avec le peps et la vitalité qu’on lui connait, s’éloigne du champ familial pour investir celui de la sexualité à travers un film mosaïque composé de cinq couples à la découverte d’eux-mêmes. Le petit prodige déjà comparé à Almodovar, nous plonge avec légèreté dans le tourbillon de son cinéma.
Harpaxophilie, Dacryphilie, Eliphilie ou encore Somnophilie, tant de paraphilie énigmatique que Paco León ne manquera pas de vous expliquer le temps d’un été ensoleillé à Madrid.
A mille lieux de la vulgarité que l’on pourrait imaginer, tolérant, frais et pétillant, Kiki Love to Love met peut-être en lumière, la balance entre réaliser et assouvir un fantasme.
La direction et le travail des acteurs, instaurés depuis la mise en scène de sa mère et sa sœur dans la saga Carmina, comme l’un des points fort de Paco León, est une fois de plus remarquable.
Choix délibéré du réalisateur, les acteurs n’ont à pas eu accès au dialogue écrit. Demeure alors une spontanéité constante avec, sans parler d’improvisation, des échanges frais, dynamiques, ancrés dans le présent. Pas de membre de sa famille dans ce film donc, mais Paco, l’un des personnages, n’est autre que Paco León lui-même.
Mais Kiki love to love, malgré l’humour, va au-delà de la simple comédie érotique, en abordant le rapport à la normalité face à notre société. Que ce soit par la surdité de certains personnages, par leurs déviances sexuelles, ou par leurs aspirations, chacun se verra confronté par ses différences aux choix cornélien du bonheur personnel face aux carcans du monde occidental.
A travers sa petite apologie du sexe, le réalisateur glisse au-dessus de tout tabou et place la sexualité en élément phare de l’épanouissement personnel. Du remarquable préambule défilant quantité d’images sexualisées de notre monde, aux éléments organiques présents dans l’ensemble des plans, jusqu’au dénouement festif et sensuel, le monde nous est montré tel qu’il est, parce que la vie est érotique, telle qu’elle est.