Pour sa nouvelle exposition d’envergure, BOZAR propose une rétrospective de l’artiste américain Keith Haring comprenant plus de 85 dessins, peintures, affiches, vidéos et documents d’archive. Un artiste connu au style graphique singulier, mais dont le véritable message reste parfois méconnu.
L’exposition propose une sélection d’œuvres de l’artiste couvrant l’ensemble de sa carrière, sachant que celle-ci fut très courte. À ses débuts, il réalise des performances vidéo alors qu’il est encore étudiant. Il passe ensuite aux peintures en grands formats sur des bâches récupérées directement sur les chantiers. Ses derniers dessins, quant à eux, personnifient le virus du SIDA comme un spermatozoïde cornu et maléfique qui détruit tout sur son passage.
L’artiste d’une génération
Artiste phare de sa génération, tout comme Andy Warhol et Jean-Michel Basquiat, Keith Haring a marqué la scène artistique des années 1980. Il a notamment contribué développer la culture underground alternative new-yorkaise. Son style reflète l’énergie d’une décennie, la volonté de créer un art libre, honnête et ouvert à tous, sans la contrainte du système des galeries, assez fermé à l’époque.
La pratique générale de l’artiste s’articule autour de plusieurs thèmes tels que l’homosexualité, le SIDA qui apparait à cette époque, l’oppression des peuples, le racisme et l’amour. Autant de sujets toujours au cœur de l’actualité, trente ans après la disparition de l’artiste.
Semblant enfantin de prime abord, le trait de Keith Haring est maitrisé. Il découle d’une longue série de recherches graphiques. Il est principalement influencé par les dessins de Walt Disney, par ceux du Dr Seuss, moins connus en Europe, et par les artistes graffiti de l’époque auxquels il voue une certaine admiration. Il s’inspire aussi de Fernand Léger et de Pierre Alechinsky. Son style devient de plus en plus précis au fil des années, jusqu’à l’obtention d’un vocabulaire graphique complet. Pour Keith Haring, le dessin devient performance. Le geste du corps fait partie de la réalisation de l’oeuvre.
Art is for everyone
Dans le New-York des années 1980, il se fait connaître grâce aux dessins réalisés à la craie sur les panneaux publicitaires périmés du métro, recouverts d’une feuille noire. Grâce à sa technique déjà très rapide, il arrive à réaliser jusqu’à quarante dessins par jour. Cette méthode de travail lui permet de créer un canal de communication avec le plus large public possible.
Peu de ces dessins existent encore à l’heure actuelle. En effet, ils étaient en général effacés ou, avec la notoriété grandissante de l’artiste, volés. Quelques-uns sont présentés dans l’exposition, complétés par des vidéo et photos d’archive montrant Keith Haring réalisant les dessins.
En suivant cette volonté de générer un art accessible loin de la difficulté d’exposer dans les galeries conventionnelles, il créé le Club 57 qui contribue à la diffusion d’un art underground, qu’il soit performatif, vidéographique ou visuel. Les vidéos d’archives intégrées à l’exposition témoignent de cette époque.
Le dessin comme voix
Plus qu’un artiste, Keith Haring est un activiste. Il milite pour les causes qui lui tiennent à cœur et utilise la photocopie, qui apparaît à cette époque, pour distribuer ses dessins par centaines lors de manifestations pour le désarmement nucléaire ou contre l’Apartheid. Lorsque l’épidémie du SIDA frappe New-York dans les années 1980, il réalise entre autre Ignorance = Fear. Cette peinture évoque les trois singes de la sagesse, chacun étant marqué d’une croix rose. Elle fut créée pour Act Up, l’association de militante de lutte contre le SIDA. Touché par la maladie à la fin des années 1980, il crée la Keith Haring Foundation pour offrir un soutien aux organisations qui œuvrent pour lutter contre le virus. La fondation est encore active aujourd’hui.
Au final, l’exposition offre au spectateur une large sélection d’œuvres de Keith Haring. À côté des œuvres les plus connues, des images d’archives qui viennent compléter son univers. La scénographie reflète l’esprit des années 1980 : pop, dynamique et colorée. Les œuvres proposées poussent à la réflexion sur des thèmes forts et toujours d’actualité, alors que 2020 marque les trente ans de la disparition de l’artiste.
Infos pratiques
- Où ? BOZAR, 23 Rue Ravenstein 1000 Bruxelles.
- Quand ? Du 6 décembre 2019 au 19 avril 2020, du mardi au dimanche de 10h à 18h (jusqu’à 21h le jeudi).
- Combien ? 18 EUR au tarif plein. Plusieurs tarifs réduits disponibles.