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    Kaizen : le docu réussi d’Inoxtag qui bat tous les records !

    En avril dernier, le YouTubeur à succès, Inoxtag (Inès Benazzouz) a annoncé qu’il s’éloignait des réseaux sociaux afin de se concentrer exclusivement sur son projet de gravir le plus haut sommet du monde. Entre temps, de nombreuses rumeurs ont circulé, mais le vidéaste n’a pas dérogé à sa promesse et seule une photo de Mathis Dumas, son guide de montagne nous a rassurés sur leur santé juste après le jour de l’ascension. On a alors attendu la longue vidéo qui allait reprendre toute l’année de préparation, prévue pour septembre. Il y a deux semaines, une bande-annonce surprise est apparue sur la chaîne d’Inoxtag, fixant la date de sortie du film de cette aventure : le 13 septembre dans les cinémas de la francophonie (toutes parties à une vitesse record) et le 14 septembre, gratuitement sur YouTube. Cette vidéo est donc sortie il y a deux jours seulement et elle pointe déjà à 18 millions de vues ! Avec 10 millions de vues en 24h, c’est un record de lancement d’une vidéo sur le YouTube francophone ! Mais la question que tout le monde se pose : est-ce qu’il est arrivé au sommet ?

    Réussi ou non ?

    Le spoil ne sera pas dramatique tant vous verrez vite partout, le résultat de l’expédition : oui, il est monté tout en haut ! Mais cette partie n’est qu’un faible pourcentage de ce documentaire. Le principal se situe plutôt sur le chemin qu’il a parcouru pour en arriver là : les réunions d’équipe, le début de l’entraînement physique, la rencontre et la complicité naissante avec Mathis Dumas qui deviendra son chef d’expédition, etc. Mais où tout prend son sens, c’est quand on le suit en train d’apprendre l’alpinisme. Mathis Dumas l’emmène partout et teste ses limites en permanence, car il le dit lui-même, il veut un gars prêt à découvrir l’alpinisme et pas juste un mec qui veut, par caprice, gravir l’Everest. Voir Inoxtag avoir peur du vide, peiner physiquement sur les nombreux défis qu’il affronte mais surtout la difficulté que Mathis et lui ont à gravir un autre sommet népalais, l’Ama Dablam. Les 6800m de cette montagne semblent même plus difficiles que l’ascension de l’Everest, étonnamment moins compliquée techniquement.

    Les critiques

    Dès l’annonce de son projet, Inoxtag a subi une avalanche de critiques venues surtout de milieux éloignés de YouTube et on peut dire que durant l’année qui a suivie l’annonce de son projet, il a clairement montré le sérieux qu’il mettait dans son entraînement. Il a aussi montré que ses promesses n’étaient pas des paroles en l’air, il a effectivement drastiquement baissé sa production de contenus pour se consacrer à 100% à l’alpinisme et en avril dernier, il a réellement quitté tous les réseaux jusqu’en septembre. Depuis la sortie du documentaire, on entend régulièrement des commentaires rageux pointant du doigt différents points : un caprice de riche, ce n’est pas un documentaire mais un vlog d’un influenceur mégalomaniaque, il fait du tort à l’alpinisme, il ne parle pas de la surpopulation là-bas, il esquive le problème écologique, sans les sherpas il n’est rien, c’est facile avec des bouteilles d’oxygène, etc. À croire que ces personnes n’ont pas même pas regardé le long-métrage d’Inoxtag car il répond à tout cela. Il faut déjà se rendre compte que ce n’est pas un documentaire éducatif ou une expédition scientifique mais une vidéo d’un vidéaste dédiée à sa communauté. C’est donc normal que le film soit centré sur lui et que le fil rouge des 2h30 de vidéo soit le dépassement de soi que le YouTubeur prône déjà depuis un long moment sur sa chaîne. Malgré tout, le jeune homme (22 ans !) n’esquive aucune des problématiques, que ça soit sa présence là-haut, les problèmes écologiques, la surpopulation dangereuse dans la montagne, mais aussi le danger mortel que représente un tel défi. Il croise des cadavres présents depuis plusieurs années, il est retourné quand il apprend qu’un accident a eu lieu peu après son passage et est confronté à des gens mal en point le long du trajet. Par rapport à la présence des sherpas, il ne les cache pas et ils sont même bien présents à l’écran, mis en avant comme les véritables héros de la montagne et on sent une réelle complicité entre le YouTubeur et les locaux.

    Le concept Kaizen

    La fin du documentaire est consacrée aux remises en question du vidéaste et de ce qu’il a fait après son ascension. C’est peut-être la partie la moins intéressante et peut-être la plus versée dans la belle morale qu’il essaye de faire passer par son aventure : les réseaux c’est bien, mais attention à ne pas en abuser, il y a tant de choses à voir et à faire dans le monde. Qu’il ne veut pas être le meilleur, mais veut faire mieux chaque jour. C’est d’ailleurs ce concept qui est résumé dans le titre du film : Kaizen, précepte japonais qui repose sur les améliorations faites au quotidien pour rendre les choses meilleures. Mais au final, loin des concepts philosophiques un peu facile, loin des placements de produits obligatoires, loin de la facilité financière qu’il a eue pour réaliser son défi, on retient surtout un YouTubeur qui, après avoir voulu jouer la surenchère de contenu, s’est mis à 100% dans un projet, l’a abordé de la manière la plus sérieuse possible, n’a jamais baissé les bras pour atteindre ses objectifs et cela ne peut être que positif sur son public, souvent très jeune, qui a besoin de modèles pour affronter un monde actuel pas toujours facile. Au regard des vues qu’obtient le documentaire sur YouTube ou des témoignages de jeunes qui partagent ce film avec leurs parents ou leurs grands-parents, force est de constater que la mission est remplie pour Inès Benazzouz, mais le plus dur reste à venir : que va-t-il faire maintenant ?

    Loïc Smars
    Loïc Smarshttp://www.lesuricate.org
    Fondateur, rédacteur en chef et responsable scènes du Suricate Magazine

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