Auteur : Arturo Benvenuti
Editions : Steinkis
Sortie : 13 janvier 2016
Genre : livre d’Art
Même si l’ouvrage K.Z. (Konzentrationslager) se veut être un hommage « aux victimes innocentes de la barbarie », c’est bien de la barbarie nazie dans les camps de concentration et les centres d’extermination dont il est question ici. Primo Levi himself a rédigé la préface de la première édition parue en 1983 en Italie. Rescapé d’Auschwitz, il est décédé en 1987 et a vécu le système concentrationnaire nazi dans sa chair, il peut en parler en tout état de cause.
K.Z. reprend majoritairement les dessins réalisés par les détenus de camps de concentration lors de leur captivité. En noir et blanc, souvent crayonnés, ils racontent la terrible expérience de leurs auteurs. Ce livre est né de la volonté et de l’obstination de son concepteur : l’italien Arturo Benvenuti, qui dès le début des années 1980 sillonna l’Europe à la recherche de ces dessins souvent lugubres, toujours interpellants. Certes, on peut critiquer les légendes apportées aux dessins qui se révèlent souvent approximatives. Ainsi, Sobibór est bien un centre d’extermination et non un camp de concentration et le SS Sammellager de Malines un camp de rassemblement pour les Juifs et Tsiganes avant leur déportation vers Auschwitz.
Le monde concentrationnaire et le monde exterminatoire de la Shoah sont ainsi mélangés dans l’ouvrage, ce qui en soit est une erreur historiographique. Les dessins (à l’origine en couleur) des enfants du ghetto de Łódź perdent quelque peu de leur force en raison de leur représentation en noir et blanc. Mais ce n’est pas là l’essentiel de cet ouvrage troublant. L’essentiel, ce sont les dessins qui hurlent de façon silencieuse l’horreur des camps nazis ; la compilation de ces témoignages primordiaux qui en disent plus qu’un long discours explicatif et les scènes quotidiennes des K.Z. qui reprennent vie en quelques coups de crayon.
En bonus, pour compléter la réédition, un historique et une mise en contexte de l’ouvrage sont mis en postface du livre.