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    Judy, le côté sombre de l’arc-en-ciel

    Judy
    de Rupert Goold
    Biographie, Drame
    Avec Renée Zellweger, Rufus Sewell, Michael Gambon
    Sorti le 15 janvier 2020

    Parmi les grands élus de la 77e cérémonie des Golden Globes, Renée Zellweger est repartie avec le trophée de la meilleure actrice pour une prestation dramatique. Saluée universellement par la critique, son interprétation de Judy Garland aura laissé transparaître tout le tragique de la vie d’une ancienne enfant star désabusée par l’existence et en recherche d’une seconde chance.

    Basé sur les derniers mois de la vie de l’artiste, Judy relate la période de cinq semaines durant lesquelles celle-ci aura réalisé une série de concerts au Talk of the Town de Londres. Endettée suite à la mauvaise gestion de ses deux agents, la vente de sa maison et la saisie de ses gains par l’administration fiscale, Judy Garland aura entrepris cette tournée londonienne afin de relancer sa carrière.

    Par l’utilisation qu’il fait de la technique du flash-back, Judy dresse un portrait psychologique au-delà du simple biopic, montrant à quel point une enfance sous le feu des projecteurs peut détruire un être humain. En effet, lors du tournage du Magicien d’Oz, Garland fut contrainte à des journées de tournage allant jusqu’à 19h de travail et forcée de consommer des amphétamines afin de rester éveillée. Cette addiction la suivra sa vie entière jusqu’à son overdose le 22 juin 1969.

    Autrefois surprotégée car considérée comme un produit par de cyniques producteurs, Judy Garland sera soumise à des rendez-vous arrangés et des séances de photographie factices. Ainsi privée de son innocence et de sa capacité à fonctionner en autonomie, l’artiste perdra sa capacité à être elle-même et à affronter le monde. Ces privations en feront une adulte dysfonctionnelle mais paradoxalement talentueuse et surprenante. Inadaptée et capricieuse, elle peinera à affronter le monde seule.

    Ruper Goold, dans sa réalisation, parviendra à mettre ce paradoxe en évidence tout en soulignant les angoisses de l’artiste, terrifiée à l’idée de monter sur scène et pourtant incapable d’être ailleurs. Ainsi, cette approche permettra à Renée Zellweger de manifester toute la subtilité de son jeu – notamment dans la première apparition sur scène de Garland dans laquelle l’actrice parviendra à manifester la prise de confiance tout en passant par un éventail impressionnant d’émotions.

    Judy livre ainsi une histoire tragique mais paradoxalement humaine dans laquelle Judy Garland apparaît comme la victime d’un système impitoyable et liberticide qui l’aura abandonnée à l’âge adulte. Parcouru de scènes fortes et touchantes – notamment sa rencontre avec Dan et Stan, couple fictif mais sincère et bienveillant avec l’artiste –, Judy est un film touchant et respectueux qui nous épargnera la sempiternelle descente aux enfers d’une artiste maudite.

    Cette absence de « voyeurisme », la dignité de l’ensemble et l’impeccable prestation de Renée Zellweger en font ainsi une touchante histoire qui se démarque par là-même des films du même genre. Si cette adaptation de la pièce « End of the Rainbow » de Peter Quilter prendra quelques libertés avec la réalité historique, reste une histoire profondément tragique qui mérite d’être découverte.

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