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    Les Jours radieux et grotesques de l’extrême droite, au Petit Varia du 10 au 28 octobre

    De Jean-Marie Piemme, mise en scène de Fabrice Schillaci, avec Joëlle Franco, Elisabeth Karlik, Stéphane Vincent. Du 10 au 28/10/2017 au Varia. Crédit photo : Alice Piemme

    Au début, les personnages attendent patients que le public s’installe. Tout est déjà en place et les comédiens sont déjà sur scène. Ensuite, la lumière dévoile deux canapés et deux fauteuils disposés en carré, au centre de la scène. Dans cette scénographie géométrique et simple, Blond, Blonde et Blondinette sont assis à contempler le temps qui passe et se rassurent réciproquement en répétant que « tout va bien ». Il s’agit d’une famille bourgeoise qui rêve d’un « monde blond », où tout irait bien et les pauvres petits bourgeois comme eux pourraient enfin dénoncer la menace du progressisme, chasser les étrangers et vivre en paix parmi d’autres gens comme eux. Ils ont peur de tout, ils craignent des menaces inexistantes, leur prudence ressemble à une psychose. Blondinette, la fille adorée, a une idée : faut trouver un chef à suivre, quelqu’un qui puisse défendre les droits de cette minorité de droite qui paie loyalement les taxes, et construire un avenir meilleur, sans les Arabes qui ne mangent pas de porc, sans les étrangers qui volent et qui molestent, et sans les pauvres qui affaiblissent la société.

    L’écriture de Jean-Marie Piemme est fidèle à elle-même, directe et sagace. Le texte, engagé et explicite, est une version comique des discours de l’extrême droite, racistes et haineux. Blond, Blonde et Blondinette sont une caricature des électeurs d’extrême droite. Installés sur les canapés ils trouvent un abri dans leurs considérations néo-fascistes et leurs contradictions, toujours les mêmes. Jours radieux se situe entre le conte et la comédie. Une partie du texte est constituée par les dialogues entre les personnages tandis que Blondinette a aussi, de temps en temps, un rôle de narratrice qui brise le quatrième mur pour élucider aux spectateurs ce qui se passe, ou pour donner des informations supplémentaires. En particulier, elle nous raconte la fable de « Blanche neige démocratie » qui se prostitue pour gagner sa vie et qui cède face aux promesses faites par la sorcière Facho. Le langage est acerbe et grossier.

    A partir de cette scène, le spectacle devient décidément caricatural, dans un crescendo de trivialité. Fabrice Schillaci choisit de transposer sur le plateau les revendications de l’extrême droite à l’aide de la farce et d’une esthétique essentiellement grotesque. Dès le début de la pièce le jeu d’acteur est très appuyé mais bien maitrisé. Au fur et à mesure, il devient exacerbé, sans jamais perdre le contrôle. La scénographie et les lumières, spectaculaires et efficaces, évoluent aussi en créant des ambiances différentes et réussies.

    Jours radieux a sans doute le mérite d’aborder la thématique triste et alarmante de la remontée des partis d’extrême droite européens. Jean-Marie Piemme et Fabrice Schillaci proposent d’utiliser l’humour pour rire de nos peurs infondées et ils mettent en lumière toute l’absurdité de certains idéaux. Il est vrai que l’hilarité et l’ironie nous permettent de prendre les distances de certains discours, mais par moments on pourrait être dérangé par cette esthétique excessive qui semble emprunter les codes de la parodie pure et dure.

    Elisa De Angelis
    Elisa De Angelis
    Journaliste du Suricate Magazine

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