Titre : Journal intime d’une féministe (noire)
Autrice : Axelle Jah Njiké
Editions : Au Diable Vauvert
Date de parution : 3 mars 2022
Genre : Essai, récit
Axelle Jah Njiké est afropéenne, née au Cameroun, arrivée en France dans son enfance. Son identité de femme se construit dans les violences subies, le regard des gens et son envie farouche de reprendre le contrôle de sa trajectoire de vie et de sa condition de femme.
L’intime est politique, voilà ce qu’Axelle Jah Njiké affirme. Il ne s’agit pas de l’intime partagé avec l’autre, il s’agit de son intimité de femme, que cela évoque à la fois ce lieu où nous existons pour nous uniquement et le sexe en tant que tel. Là, se joue une conquête primordiale du féminisme ; se réapproprier ses choix, son corps et donc son propre désir. Il est question de se débarrasser de cette image de femme désirante et sale car oui, autant le plaisir de l’homme est jugé sain et normal, autant celui de la femme se voit encore être sujet de honte, assigné depuis des siècles à une réponse automatique au plaisir de l’homme, compagnon ou mari.
Axelle en parlant d’elle, de sa fille et de sa mère, en liant sa propre jouissance à sa quête de liberté, nous rappelle que le féminisme est aussi une question de transmission. Que l’on transmet qui on est et son héritage, que le changement opère en prenant conscience de nos racines.
Quelques pages pour raconter un parcours si riche et intense, quelques pages pour aborder de si nombreux sujets et d’une manière si pertinente, si belle, c’est une prouesse. C’est puissant, important, percutant ! Ce journal intime est un ravissement à bien des égards. L’écriture est juste et suave, les mots s’enchaînent avec douceur tout en étant forts. Les idées valsent avec cohérence et légèreté, à chaque recoin de page, on trouve de quoi s’étonner, s’offusquer et se questionner.
Il est aussi très sensuel. Axelle Jah Njiké exhorte chaque femme à réinvestir son intimité, son corps, son plaisir, sa jouissance comme terreau pour une vie plus libre.
S’il n’y a qu’une chose à retenir de ce journal, c’est la volonté profonde de rendre à la femme sa joie d’être, sans stigmates, sans entraves et sans honte. Un livre éminemment nécessaire tant il embrasera nos intimités de femme et bousculera celles des hommes.