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    « Josep », dessiner pour témoigner

    Josep
    d’Aurel
    Animation, Historique, Biopic, Drame
    Sorti le 17 mars 2021 en PVOD

    Résumer le film, c’est dévoiler d’emblée le pan de l’Histoire assez méconnu qu’il dépeint. Josep, « biographie » de Josep Bartoli (1910-1995), artiste espagnol et combattant antifranquiste, nous plonge dans la réalité des camps de concentration français où furent parqués les réfugiés Républicains fuyant la dictature de Franco. Un récit abordé à travers les souvenirs de Serge, gendarme chargé de la surveillance des camps, et à travers l’histoire d’amitié qui l’unira à l’artiste.

    Une prise de position scénaristique qui dessert parfois le film, qui aurait peut-être gagné à n’être vécu que du point de vue de son personnage principal, Josep. L’ajout du personnage de Serge, s’il permet de dynamiser la narration, a un peu le goût amer d’une déculpabilisation française à la mode du « ils n’étaient pas tous comme ça ». Avec l’effet évident d’accentuer le sadisme des tortionnaires, tout en permettant au spectateur de s’identifier à une figure plus nuancée, pour laquelle la rédemption est possible. Le film en pâtit dans sa puissance émotionnelle et dans son rythme parfois brisé par des allers-retours temporels pas forcément indispensables.

    Pourtant, Josep reste un film coup de poing. De par la force de sa technique d’animation, où le dessin de Bartoli prend vie tout en restant incroyablement fidèle à l’esthétique originale de l’artiste. De par la puissance de sa musique, composée par la chanteuse Silvia Perez Cruz, qui emporte le spectateur et magnifie la puissance du dessin. Transcendée par les différents styles 2D utilisés au cours du film, l’oeuvre plonge le spectateur au plus profond de la cruauté pour l’en faire ressortir dans les quelques moments de bonheur que vit et capture Bartoli. À l’artiste qui en 1939 dessinait pour survivre, se substitue le dessinateur Aurel qui réalise en 2019 pour témoigner. Un film « autour du dessin plutôt qu’un film d’animation », selon ses propos. Et l’on retrouve en effet des cadrages, des plans iconiques, qui frappent par la puissance d’évocation propre au dessin de presse.

    Un film nécessaire, qui sonne – avec ses défauts comme avec ses instants de grâce – comme un reportage animé de haut vol, un appel au souvenir d’un dessinateur par un autre, avec le crayon comme arme.

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