Trois ans après son Lilypad Suite, John Wesley nous propose un album tranchant avec ses précédents opus en se tournant vers un rock plus électrique. En effet, la guitare acoustique ne ressort du placard que pour ne faire de courtes apparitions en fin de parcours, comme c’est le cas dans ce très beau retour au calme qu’est Satellite, où elle ne se défait pourtant pas de son homologue amplifiée…
Si certains percevront ce changement comme un dévoiement et regretteront les productions antérieures, l’entreprise de John Wesley parait d’autant plus louable que réussie. Premièrement parce que renouveler son répertoire est le propre d’un artiste qui ne se satisfait pas de ce qu’il connait, au risque de rendre stérile le terreau de sa musique. Deuxièmement parce que le musicien rendu célèbre par sa participation avec Porcupine Tree, Fish et Mike Tramp parvient à imposer son âme aux nouveaux moyens sonores qu’il se donne et que, de surcroit, il maitrise. Effectivement, ses vibes sculptent le substrat de sa musique, lui donnant du relief à coup des vides et des pleins jusque là insoupçonnés tandis que toutes les cordes sont pincées, l’ensemble des touches tantôt effleurées en accord, tantôt égrenées aux goutte à goutte, à moins d’être enchainées avec une rapidité virtuose…
L’espace accordé à la guitare électrique est d’autant plus important que les paroles se font discrètes. Mais les sons instrumentaux prennent de telles inflexions qu’on ne peut regretter les interventions du chanteur, portées pourtant par une voix magnifiquement timbrée. Place est donc faite pour les nombreux solos qui parsèment cet album. Néanmoins, cette occupation traine parfois en longueur, d’autant plus John Wesley n’hésite pas à proposer des titres dépassant le format normal d’une chanson, notamment pour Any Old Saint qui s’étale, par exemple, sur quelques 7 min 45 !
Dans l’ensemble, cependant, l’album se laisse écouter sans forcer, d’autant plus que chaque chanson possède un univers propre. A ce titre, il faut également évoquer l’enchainement ingénieux des chansons. Basé sur l’idée de contraste, il met en valeur les particularités de chaque titre. Ainsi, cet avec soulagement que l’on voit le mélodieux Window, il est vrai plus conventionnel, succéder à l’ambiance volontairement oppressante et étouffée du parfois dissonant Once a Warrior, tandis que Take What You Need brise le calme de Marry Will.
Enrichi de plusieurs collaborations, notamment celle de Geri X, tourné vers la guitare électrique en guise de nouvelle opportunité musicale, cet album vous fera voyager d’une chanson à l’autre comme entre autant d’objets célestes gravitant autour de l’incontournable étoile qu’est Disconnect…