De et avec Hanane Hajj Ali. Mise en scène de Eric Deniaud. Le 27 septembre et 7 octobre 2023 au Théâtre National.
Rapidement
Elle court, elle court Hanane Hajj Ali ! Déjà plus de 300 représentations à Beyrouth et aux alentours, gratuites pour contrer la censure. Depuis quelques années, l’actrice présente son spectacle à travers le monde. Pleine de vitalité, la cinquantaine, cette Libanaise de souche raconte ses joggings à Beyrouth, pendant lesquels elle dialogue avec la nature, s’interroge sur certains sujets métaphysiques (« peut-on prier en déféquant ? ») et compare Fouad Siniora à Bart De Wever, alors qu’elle a rêvé qu’elle faisait l’amour avec cet ancien ministre libanais « ultra répugnant ». C’est que Hanane n’a pas sa langue en poche ! Empreint d’humour, son discours n’est jamais ennuyeux ou larmoyant, que du contraire !
Un contenu diversifié
Si Hanane parle d’elle-même, de son mari adoré « metteur en scène de génie », de ses 4 enfants, de ses joggings dans Beyrouth, des malheurs de son pays perpétuellement en guerre ou de l’explosion qui a frappé le port de Beyrouth le 4 août 2020, elle met également à l’honneur Médée, personnage de la mythologie grecque dont l’existence est entachée de meurtres. Elle nous conte aussi l’histoire d’Yvonne, triste protagoniste d’un fait divers libanais, qui partage le destin de Médée, toutes deux ayant tué leurs propres enfants. Hanane confie alors au public que, voyant son fils de 7 ans souffrir d’un cancer, elle aurait voulu l’étouffer. Ce n’est pas par hasard qu’elle s’est intéressée à ces infanticides.
Panoplie de sentiments
Tragédie, légèreté, humour et poésie se bousculent les devants de la scène comme à ce moment particulier où Hanane partage trois salades de fruits avec le public. C’est le dessert empoisonné par de la mort aux rats qui fut servi par Yvonne à ses trois filles. La comédienne se rendant compte qu’elle a oublié le poison, elle s’empresse de l’apporter aux heureux élus. Elle s’installe ensuite sur scène pour découper calmement un papier, faisant apparaître la silhouette des trois filles d’Yvonne. Finalement, elle met le feu au papier.
Le message
« Quelque chose ne tourne pas rond dans ce pays » qui subit des « centaines de scandales par jour ». Jogging, c’est du théâtre militant. Hanane dénonce : « Combien de Médée y a-t-il ? Les femmes libanaises ne peuvent pas donner leur nationalité à leurs enfants ». Mais Hanane, généreuse, ne s’en tient pas au Liban. Elle voudrait que tout aille bien, partout. Elle n’oublie pas les migrants. Qui voudrait envoyer son enfant sur la mer ? Personne sauf s’il y est plus en sécurité que sur terre. Le théâtre d’Hanane, c’est un message de paix et de bienveillance, international, limpide. Les femmes doivent avoir les mêmes droits que les hommes, partout. Les guerres doivent s’arrêter. Courageuse, engagée, souhaitons qu’elle puisse réveiller les consciences.