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    Jeux de miroirs, 100 chefs d’œuvres des musées de Tournai et de Liège et Interview de Jean-Pierre De Rycke

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    Depuis le 25 juin et jusqu’au 13 septembre 2015 a lieu au Musée des Beaux-Arts de Liège (BAL), l’exposition Jeux de miroirs – 100 chefs d’œuvres des musées de Tournai et de Liège. Comme le porte bien son nom, l’exposition met en parallèle deux collections comptant 100 tableaux réunis selon 40 thématiques originales et variées : Le tribunal de la sottise, Gosse de riche, gosse de pauvre, Premier amour, Face au destin,  Vie sociale, …

    Deux collections complémentaires qui permettent de se délecter d’artistes majeurs tels que Van Gogh, Rigaud, Ingres, Mellery, Toulouse-Lautrec, Delacroix, Courbet, Lebrun, Gauguin, Teniers, Magritte, …

    Ces centaines de pièces remarquables composées de peintures mais aussi de gravures et de dessins est le fruit d’une collaboration entre deux musées aux histoires pratiquement similaires. D’un côté le Musée des Beaux-arts de Liège dont sa collection avant-gardiste et moderne a vu le jour grâce à la générosité de plusieurs donateurs comme Eugène Dumont et Léopold Donnay. D’un autre côté, l’incroyable fonds du Musée de Tournai réaliste et impressionniste qui provient majoritairement du legs du mécène bruxellois Henri Van Cutsem.

    Ces deux collections sont intimement liées et va au-delà du simple intérêt stylistique. En effet, l’exposition conjugue des œuvres de toutes époques et de tous genres artistiques. Elle permet de faire un long voyage dans l’histoire de la peinture européenne, entre le milieu du 19ème jusqu’au milieu du 20ème siècle. C’est la rencontre remarquable entre des chefs d’œuvres d’appartenance artistique propre. Le cubisme, l’expressionisme et le surréalisme face à l’impressionnisme, le symbolisme et le réalisme.

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    À première vue, tout les oppose et pourtant Jean-Pierre De Rycke, conservateur du Musée de Tournai a soigneusement et de manière atypique scénarisé l’exposition. Le visiteur circulera parmi des œuvres qui traversent l’histoire de la peinture occidentale depuis la renaissance jusqu’à nos jours avec plaisir et enthousiasme. Car ce qui distingue cette exposition d’une autre est la liberté que le spectateur a face à la scénarisation. Rien n’est imposé, ni un sens de circulation, ni de grands panneaux à chaque début et fin de section dont on se peine toujours à lire. Cette fois, le public a pour seule contrainte de suivre ses propres envies et de se faire ses propres opinions. Une expérience qui pourra être renouvelée puisque l’exposition sera présentée, dans une version légèrement différente au musée des Beaux-Arts de Tournai du 25 septembre 2015 au 5 janvier 2016.

    « Jeux de miroir. Cent chefs-d’œuvre rassemblés de Liège et de Tournai »
    Du 26 juin au 13 septembre 2015 au Musée des Beaux-Arts de Liège (BAL)
    Féronstrée 86-4000 Liège
    Du mardi au dimanche, de 10h à 18h

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    Interview de Jean-Pierre De Rycke

    Mêlant peintures, gravures et dessins de tout courant et de toute période, l’exposition « Jeux de miroir-Cent chefs-d’œuvre du Musée des Beaux-arts de Liège et de Tournai » est d’une audace évidente mais qui n’est pas sans intérêt car il apporte un regard neuf sur ces deux collections. À cette occasion Jean-Pierre De Rycke, conservateur du Musée des Beaux-arts de Tournai nous explique ses motivations.

    Qu’est-ce qui vous a amené à travailler en collaboration avec les musées des Beaux-Arts de Liège ?

    C’est simplement Liège qui m’a demandé de concevoir une exposition et à l’origine cela devait être simplement une exposition d’un ensemble d’œuvre de Tournai présentés à Liège. J’ai par la suite eu l’idée de combiner ces deux collections. L’idée m’est venue comme un flash de ces deux tableaux, l’œuvre de Tournai, le Louis XIV de Charles LeBrun et le Napoléon d’Ingres, une des œuvres les plus caractéristiques des collections de Liège. Ce qu’il faudrait donc faire c’est une confrontation des œuvres de ces deux collections.

    Au départ Liège était donc uniquement intéressé par la collection de Tournai ?

    Uniquement par le musée de Tournai, une des plus belles collections de Belgique.

    Le musée de Tournai a une collection d’art très riche notamment grâce à la donation d’Henri Van Cutsem, célèbre mécène bruxellois décédé en 1904. Malheureusement cette collection n’a jamais pu être vue en entier de par son caractère conséquent et le manque de place au Musée. Est-ce qu’on aura l’occasion ici de voir des œuvres non permanentes ?

    Ici, la proportion représentée est de 50/50. J’ai essayé d’avoir un équilibre entre la collection de Tournai et celle de Liège. Et oui la moitié des œuvres prêtées ne sont pas exposées de façon permanente.

    Entre 2012 et 2014 vous avez fait trois expositions, Les 100 chefs d’œuvres, La beauté sauvera le monde et Le dessin, fin de siècle, vous avez affirmé que ces expositions étaient des continuités. Est-ce que vous considéré que celle-ci fait aussi partie d’un prolongement ?

    Oui tout à fait, vu que c’est ce qu’on appelle des expositions patrimoniales, ce sont des collections propres du Musée. C’est également le cas ici, sauf que la mise en musique est complètement différente, c’est une forme de continuité mais qui englobe de façon plus large les collections de Liège. Dans les 101 chefs d’œuvres, il y avait beaucoup moins de sections, c’était aussi le principe de regroupement par section mais il y avait maximum une dizaine de section, alors qu’ici il y a quarante modules.  Et mon idée ici est de faire à chaque fois des petites histoires, ce qui n’était pas l’objet des expositions à Tournai. Ici, ce n’est pas vraiment d’avoir une cohérence sur le plan iconographique mais de raconter des petites histoires en mélangeant les époques … selon des affinités soit formelles soit au niveau du sens de l’œuvre. Pour moi, chacune des cents œuvres exposées est intéressantes, il y a une sélection qualitative, on aurait jamais exposé la moindre œuvre qui n’a pas de valeur artistique globale. Pour moi chaque œuvre exposée ici est signifiante.

    Alphonsa-Madel Bocklant
    Alphonsa-Madel Bocklant
    Journaliste du Suricate Magazine

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