Un crooner rouquin avec une douce voix de fausset qui joue lui-même de tous ses instruments. Ed Sheeran? Non. Essayez plutôt Jack Garratt, la dernière sensation made in UK. Un support act des Mumford & sons et un Brit Award en 2016 sur son CV, il y ajoute son premier album Phase et est en tournée pour le défendre. Le public belge ne lui est pas inconnu, fort d’un passage réussi au Botanique en 2015.
Pour échauffer la salle, la nouvelle étoile montante de l’électro-pop belge Ulysse se voyait offrir la belle scène du Cirque Royal. Groupe bruxellois composé de trois Liégeois, je comprends mieux l’engouement pour ce jeune groupe qui est réellement prometteur. Bien sûr ils surfent sur la vague, ça flirte entre Oscar & The Wolf et Puggy. Mais il y a quelque chose à creuser si on dépasse le côté midinette. Sur scène, Ulysse a rempli le contrat. Je me suis volontiers laissée avoir par la voix séductrice du chanteur et des mélodies efficaces. A suivre.
De ma position surélevée mais très proche de la scène, j’avais une vue parfaite sur Garratt. Sur son album, il écrit, joue de tous les instruments, produit et mixe toutes les chansons. Sur scène, il fait exactement la même chose, et c’est déjà un sacré spectacle. Il se tient debout seul avec sa pléiade d’instruments. L’homme-orchestre ouvre le concert sur Weathered, le genre de chanson qui monte gentiment en puissance et qui motive une foule déjà de bonne composition.
Et puis il est du genre communicatif Jack Garratt. Il gagne l’enthousiasme du public avec ses blagues et ses fous rires. Il parle entre les chansons et quelques “I love you” fusent du public. Il me fait penser à un petit garçon (roux) hyperactif. Il jouera les tracks de son nouvel album, qui représentent bien l’electronica indie-pop marque de fabrique de l’artiste.
Imaginez la voix de fausset, des mélodies au clavier légèrement sirupeuses, des paroles teintées de mélancolies rythmées par des beats et des drops inattendus. Alors que l’album studio est une version plaisante mais lissée, live, Garratt réalise une vraie performance. Il bouge constamment entre le clavier et le beat pad en passant par des riffs de guitare maîtrisés. Il chante et surtout il interprète ses compositions. Garratt injecte une couche de férocité et de drame dans son jeu scénique qui captive toute l’audience.
‘I’m going to play you some fucking songs!’ criait Garratt au début du concert. Et en effet il a bien joué les meilleurs morceaux de Phase: Chemical, Breath Life, Weathered and Fire, impeccablement réinterprétées. Sans oublier, les explosifs Far Cry et Worry évidemment, toutes les deux dans leur version longue, illustrent bien le réel talent vocal de Jack Garratt. Et comme c’est dans l’air du temps, nous n’avons pas échappé aux covers. Hit the Road Jack de Ray Charles et Monday le vieux tube R’n’B de derrière les fagots (Craig David), revisités par Garratt, c’était vraiment surprenant et très très sympa.
Globalement la prestation m’a enchantée. J’ai passé un excellent moment au Cirque. La musique était bonne et Jack Garratt est un artiste généreux qui a su m’enthousiasmer par sa personnalité mais aussi l’énergie déployée pour notre bon plaisir.
Je pense sans me tromper que le public a partagé ce sentiment, sur le retour, dans le parking Royal on entendait certains fredonner et siffler la mélodie de The Love You’re Given à tous les étages…