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    It Follows de David Robert Mitchell

    it follows affiche

    It Follows

    de David Robert Mitchell

    Epouvante-Horreur

    Avec Maika Monroe, Keir Gilchrist, Daniel Zovatto, Jake Weary, Olivia Luccardi

    Sorti le 25 mars 2015

    Sélectionné et couronné dans de nombreux festivals, le second film du réalisateur David Robert Mitchell, It Follows, est un film atypique et curieux, à la beauté indéniable, qui oscille entre film fantastique et drame adolescent.

    Jay est une ado de 19 ans. Une vie en apparence banale, sa sœur, ses amis, sa mère et ce garçon qu’elle commence à fréquenter. Ce garçon justement avec qui elle perd sa virginité un soir dans une voiture, au pied d’un immeuble désaffecté. Ce moment qui aurait pu être romantique va virer au cauchemar. Elle se réveille attachée, à moitié nue, son amant devenu bourreau d’un instant, lui révélant qu’il lui a transmis une malédiction : désormais des gens la poursuivront sans cesse et essayeront de la tuer. Elle sera la seule à les voir et pour conjurer ce sort, elle devra coucher avec quelqu’un d’autre et ainsi le transmettre à son tour.

    C’est un fait, It follows joue avec les codes du film d’horreur, mais ici point de tueurs en série ou de scènes gores, le film trouve ses références dans le cinéma d’épouvante des 80’s. Tout se joue dans l’atmosphère et le côté oppressant de la situation, entre réalité, folie et surnaturel ; dans la peur intrinsèque du personnage principal, cette peur de tous les instants d’être poursuivie, de potentiellement y passer et ne pouvoir rien faire.

    Et pour souligner cette tension, le réalisateur n’hésite pas à utiliser la musique de manière omniprésente, dans l’esprit des bandes originales de John Carpenter, ainsi que de nombreux travelling avants qui renforcent le côté voyeur, l’héroïne étant épiée en permanence, que ce soit par ses voisins, ou par les gens qui la pourchassent.

    Aussi ce climat paranoïaque est contrebalancé par des séquences oniriques, dues à la mise en scène et à l’esthétique léchée du film. Les plans, qui nous baladent autant dans la beauté décharnée de la ville de Détroit que dans la banlieue pavillonnaire où vivent les protagonistes, semblent tout droit sortis de photographies de Gregory Crewdson (que le réalisateur cite comme référence), toujours entre ombre et lumière, ce qui marque avec réussite sa singularité face à d’autres films du genre.

    Métaphore des IST (infection sexuellement transmissible), mal qui touche nombre de jeunes, le film ne fait pas dans la morale. Au contraire, il prend une tournure plus malsaine : l’héroïne rendue coupable de son propre plaisir, doit coucher afin de se débarrasser de ses visions, passant à son tour de victime à bourreau, le film jouant en permanence avec cette ambivalence.

    Plus qu’un film fantastique, It Follows est une parabole juste et sensible de l’adolescence et de ses tracas. Le groupe d’ados est tout ce qu’il y a de plus ordinaire, avec ses doutes, ses désirs et ses peurs, et cette expérience traumatisante va changer le cours de leurs vies, les forcer à mûrir et s’unir face à l’adversité. Tout cela à l’ombre d’une figure parentale peu présente, que l’on retrouve parfois dans les silhouettes fantomatiques, symbole d’une jeunesse isolée, repliée sur elle-même, et prête à tout pour s’en sortir.

    Rémi Calmont
    Rémi Calmont
    Journaliste du Suricate Magazine

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