Isle of Dogs
de Wes Anderson
Animation
Avec Bryan Cranston, Greta Gerwig, Scarlett Johansson, Bill Murray, Harvey Keitel
Sorti le 11 avril 2018
De retour à l’animation en stop-motion neuf ans après Fantastic Mr. Fox, Wes Anderson perfectionne sa méthode et continue de développer son cinéma dans le carcan de cette technique tout particulière, tout en approfondissant les thèmes qu’il semble désormais accoler à ce type de films, à cette partie-là de sa filmographie.
Dans un Japon où les chiens ont été déportés sur une île de déchets suite à une épidémie canine, le jeune Atari, neveu du maire de Megasaki, part en expédition sur cette fameuse « île aux chiens » afin de retrouver son fidèle Spots, son chien garde du corps, premier banni sur l’île. Accidenté et blessé, Atari se voit aidé par une meute de chiens errants, mené par le cynique et endurci Chief, dans sa quête.
Co-écrit par Anderson avec ses fidèles collaborateurs Jason Schwartzman et Roman Coppola, le scénario de Isle of Dogs l’inscrit dans la continuité thématique de Fantastic Mr. Fox, plaçant un récit de résistance et de révolution dans un contexte visuel et iconographique d’animalité et d’animation « primitive ». Cette manière de coupler des thématiques bien précises, intimement liées à une idéologie plus ou moins contestataire, à une manière très précise et artisanale de faire des films, est en soi une idée forte et consolide les fondations d’un film qui, s’appuyant sur cette base forte, peut ensuite s’épanouir formellement dans toute l’invention et la fantaisie qu’il déploie.
Les détracteurs de Wes Anderson lui ont souvent reproché l’extrême minutie avec laquelle – principalement dans ses films en « live action » – il confectionnait des plans dits « parfaits », répondant dans les moindres recoins de l’image à une logique de la symétrie et du détail, et apparentant indirectement – dans l’esprits de ces détracteurs – ces films à des sortes de jolies maisons de poupées sans âme. On retrouve évidemment ce souci de précision et de maîtrise dans Isle of Dogs, peut-être même encore accentué par la technique d’animation utilisée et l’esthétique des figurines manipulées.
Mais cette précision d’orfèvre et cette obsession de la maîtrise propres à l’artisan – qu’Anderson se révèle encore plus être à travers ses films d’animations que par les autres –, outre le fait de constituer toute la singularité et de former l’identité de son cinéma, s’avère également être en mutation progressive, ce dont on peut s’assurer en constatant le travail d’équilibrage entre symétrie et profondeur de champs, à l’œuvre dans Isle of Dogs. Le résultat de ce travail et de tous les ajustements qu’Anderson opère au sein de son œuvre, autant visuellement que narrativement, constitue un véritable point d’orgue, un sommet dans sa filmographie et dans sa démarche de metteur en scène.