Irréprochable
de Sébastien Marnier
Thriller
Avec Marina Foïs, Jérémie Elkaïm, Joséphine Japy, Benjamin Biolay, Jean-Luc Vincent
Sorti le 17 août 2016
Alors qu’elle a dû quitter Paris pour des raisons obscures, Constance revient dans sa ville d’origine et tente de reprendre sa place dans l’agence immobilière où elle a débuté sa carrière. Mais quand le patron de l’agence lui préfère une candidate plus jeune et plus flexible sur le salaire, elle fait une fixation sur celle-ci et s’immisce peu à peu dans sa vie.
Pour son premier long métrage, Sébastien Marnier fait une proposition inégale mais vraiment intéressante de thriller dans un paysage de film d’auteur français. Avec un casting assez typique du cinéma français « mainstream » d’aujourd’hui – ni vraiment populaire, ni vraiment exigeant – il parvient à instiller quelque chose d’assez inédit dans ce carcan bien établi, une certaine noirceur immorale étrange.
Le film a pourtant du mal à trouver son ton, peinant probablement à se démarquer de certains canons du genre et d’une esthétique de téléfilm qui perdure lors de sa première demi-heure. Même le jeu de Marina Foïs, omniprésente, apparaît de prime abord comme crispant, avant de s’avérer légitime au regard de la complexité de son personnage. Car c’est dans le traitement scénaristique de celui-ci et dans la manière dont il ne révèle des éléments clés sur sa personnalité qu’au compte-gouttes que Sébastien Marnier parvient à interroger la place du spectateur, à la fois complice des manigances de Constance et inconscient de ce dont elle est réellement capable.
Si le réalisateur capitalise principalement sur le mystère et la tension autour du personnage de Marina Foïs, il manie également le reste de son casting avec une certaine ironie, confiant par exemple le rôle de la victime à Joséphine Japy – qui semble donc abonnée aux emplois de martyrs après l’indigeste Respire de Mélanie Laurent.
Mais Irréprochable séduit surtout par sa manière de faire bifurquer le drame français à tendance sociale dans le thriller psychologique, à jouer avec la montée du suspense et l’apparition progressive du genre pour finir par s’affirmer, in extremis, comme un véritable polar intimiste. Au final, le film parvient donc à créer le trouble chez son spectateur, en le déstabilisant et en le menant lentement au plus proche de la folie de son personnage.