De Gary Owen, mise en scène de Georges Lini, interprété par Gwendoline Gauthier. Du 14/09 au 02/10/21 au Théâtre de Poche.
C’est au théâtre de Poche que se joue une pièce singulière, profonde, intense : Iphigénie à Splott. Une comédienne, trois musiciens, un décor épuré. C’est ici que nous allons tenter de vous immerger dans une expérience théâtrale particulière. Sans vous en dire trop, bien entendu. Mais suffisamment pour que vous ne passiez pas à côté.
On s’assoit dans la salle, on ne sait pas ce qui nous attend. Une jeune femme est présente sur scène, faisant des allers et retours comme un boxeur sur le ring. Le pitch nous dit qu’Effie vit à Splott, un quartier de Cardiff-capitale du Pays de Galles, où git précarité sociale et économique. Elle en est le produit même, la rage au ventre et l’alcool au bout des lèvres.
La pièce est une adaptation française d’une pièce de théâtre signé Gary Owen. Et dès le départ, il est vrai, on ressent la puissance de ce texte. Précis, dur, vrai. Nous savions qu’il avait été lu à la Comédie française la saison dernière. C’était évidemment un gage de qualité. Premièrement donc, il y la texte oui … mais il y a surtout autre chose.
Sur scène, Effie est jouée par Gwendoline Gauthier accompagnée par trois musiciens, Pierre Constant, Julien Lemonnier et François Sauveur. A la mise en scène, nous avons Georges Lini. Ensemble, ils ont réussi à nous proposer une pièce d’une rare puissance émotionnelle presque reptilienne. La musique voulu « organique » selon ses compositeurs nous happe sans concession. Elle nous immerge, nous accompagne, nous déroule un fil tendu entre l’espoir et la détresse. Mais que serait ce récit sans sa comédienne, notre Effie, qui nous offre une interprétation d’une justesse bouleversante.
La scène de fin est visuellement époustouflante. On ne peut pas s’empêcher de se dire que ce n’est plus vraiment du théâtre, c’est un hybride entre le cinéma et la scène. La musique est une bande-son de film et nous sommes embarqués dans un voyage au cœur d’une histoire dans lequel tous nos sens sont sollicités et dans lequel Effie nous transperce le cœur de sincérité.
On en ressort chamboulé, excité, attristé par cette parenthèse théâtrale magistrale. Elle nous imprègne le cerveau jusqu’au lendemain. Nous laissant le temps de digérer, de nous remémorer certaines tirades, le moment où l’on a versé une larme ou simplement une image ou la mélodie d’un son.
Parce que oui, elle reste dans notre esprit cette pièce, longtemps, on vous le garantit. Notre humble recommandation pour vous qui lisez cet article est que s’il y a une pièce que vous devez voir cette année c’est celle-ci.
Une chance pour vous, elle se joue encore jusqu’au 2 octobre. Donc… vous savez ce qu’il vous reste à faire.