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    Interlude, symphonie en vert d’olive

     

    Titre : Interlude
    Autrices : Céline Pieters et Celia Ducaju
    Editions : Dargaud
    Date de parution : 23 août 2024
    Genre : Fiction de guerre

     

    On les appelait les Victory Verticals. Entre 1942 et 1953, ces pianos ont été envoyés en masse par le gouvernement américain sur tous les théâtres de guerre. Malgré leur nom, ils ne certifiaient pas aux escadrilles de l’Oncle Sam la victoire. Mais on peut dire qu’en apportant l’espoir, ils la favorisaient.

    Le froid est humide. Il colle à la peau des soldats comme cette guerre qui n’en finit plus. Les bottes s’enlisent dans une boue poudreuse, aussi chagrine que le moral des troupes. La victoire aurait dû être facile. Mais, cet hiver 44, encore une fois, elle semble loin. Enterrée sous un épais voile de neige aussi sale que décevant. Heureusement, les soldats du sergent Brown ont de quoi trouver la saison un peu moins déprimante. Au pied d’une forêt de sapins, un piano. Deux cent cinquante kilos de consolation craché sur la neige par un blindé militaire. C’est un Stenway poids plume, adapté aux besoins de la guerre et envoyé pour réveiller le morne paysage ardennais. D’ailleurs, la bête a son petit effet auprès des soldats. Tellement que certains sont prêts à tout pour ne pas devoir s’en séparer.

    Ce modèle de piano a été pensé pour être le plus discret possible. Ou du moins autant que peut l’être un tel animal. Facilement transportable et robuste, il a aussi été peint dans les couleurs délavées des paysages du Nord. Et c’est, justement, la couleur qui donne le ton de l’album. Tout l’univers colorimétrique est construit autour de la dominante vert olive du piano. Mais ce n’est pas un vert olive militaire, plutôt un vert olive nostalgique qui tire sur le turquoise et qui se mélange au mauve. Le nuancier de Célia Ducaju est l’atout majeur d’Interlude. Il est contraire, à la fois habité par la joie et la mélancolie, marécageux et baigné d’espoir.

    Mais Interlude compte peut-être un peu trop sur sa couleur. Le récit quoique reposant sur une base solide, celle d’un évènement historique par définition touchant, se noie un peu dans son vert d’eau. Le format est trop court et les personnages trop lisses que pour éveiller de l’attachement. Les digressions qui naissent des fantasmes des soldats ne nous apprennent rien si ce n’est qu’ils ont laissé l’amour dans leur pays. Évidemment, on se laisse émouvoir par le destin de ces hommes qu’on mène à l’abattoir. Mais après quelques jours, la seule chose qui nous reste en mémoire, c’est une impression de nostalgie bleutée.

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