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    Insoumise, du Maroc au Condroz, la lutte contre l’injustice

    Insoumise

    de Jawad Rhalib

    Drame

    Avec Sofiia Manousha, Benjamin Ramon, Hande Kodja

    Sorti le 15 mars 2017

    Alors que la brise du Printemps arabe souffle encore sur le Maghreb, Laila, issue d’une famille de résistants, s’organise avec ses amis pour manifester et lutter contre le régime en place. Après une énième arrestation, la jeune femme décide de se faire oublier et de gagner de l’argent en allant travailler comme saisonnière en Europe. Elle arrive ainsi dans l’exploitation agricole d’André, un cultivateur de pommes du Condroz. Face aux conditions de travail et de logement de son équipe, Laila ne peut se taire. Son esprit de révolte resurgit et gagne peu à peu les autres travailleurs saisonniers.

    Insoumise réunit deux problématiques que Jawad Rhalib avait précédemment abordées dans des documentaires. Dans El Ejido, la loi du profit (2007), il dénonçait l’exploitation des ouvrier agricoles dans les serres d’Almeria, au sud de l’Espagne; dans Le Chant des tortues (2015), le réalisateur revenait sur les manifestations du 20 février 2011 qui avaient marqué le début de la révolution marocaine.

    Mais l’on retrouve aussi d’autres éléments connus. La musique dans Insoumise est celle de Hoba Hoba Spirit, un groupe marocain (de fusion, afro, gnaoua et reggae) issu de Casablanca et dont les sons rythmaient déjà Le Chant des Tortues. Le rôle principal de Laila est interprété par Sofiia Manousha, vue dans le film du même réalisateur 7, rue de la folie (2014). L’actrice française est parfaite dans ce personnage de femme engagée, combative et fougueuse qui ne laisse rien passer. Ce faisant, elle nous donne à voir qu’il n’y a pas de petit combat, que toute lutte pour plus de justice en vaut la peine. Pourtant, ce n’est pas facile, il faut « motiver les troupes » : autour d’elle, les gens se sont résignés par intérêt, peur ou fatalisme. Elle finit quand même par pouvoir compter sur des allié(e)s incarnés par Benjamin Ramon, Hande Kodja et Nadège Ouédraogo (La Fille inconnue (2015)).

    L’histoire du film prend place dans le contexte de l’embargo russe sur les pommes et les poires qui a frappé notre pays en 2014. Or, la Belgique est un des plus gros producteurs de pommes et de poires d’Europe. L’enchevêtrement des responsabilités et des conséquences – au niveau de l’Europe, des cultivateurs ou des saisonniers – dans cette situation de crise est bien montré dans le film. Toutefois, le propos se focalise plus sur le combat de Laila et de ses collègues que sur la recherche d’un « vrai » méchant. Une chose est cependant évidente : c’est aux personnes en bout de « chaîne économique » que l’ont dit qu’il n’y a pas d’alternative. L’insoumise Laila nous prouve le contraire.

    Le film n’a pas assez de charisme pour marquer les spectateurs, mais à défaut de cela, Insoumise dégage une belle énergie et donne l’envie de se lever contre l’injustice, sous toutes ses formes.

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