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    Inc’Rock 2016, chantons sous la pluie

    Gagnés d’enthousiasme suite au succès convaincant de la soirée du vendredi (plus de 5.000 spectateurs), les organisateurs de l’Inc’Rock Festival étaient d’emblée confiants pour cette journée du samedi qui promettait du lourd niveau sonore avec les présences, entre autres, de Mustii, Sttellla et Hooverphonic. Une journée placée sous le signe de la belgitude, tant sur scène que dans le ciel brabançon puisque la pluie s’est invitée à la fête.

    Mustii, la révélation

    Succédant à Antoine Henaut sous le chapiteau de l’ING Stage, l’artiste a montré toute sa détermination à faire bouger un public bien en peine à se réveiller de la soirée précédente et refroidi par des températures hivernales.

    À seulement 25 ans, cet ancien élève de l’IAD est assurément la valeur belge en hausse. Après avoir incarné le rôle de Kevin Fisher dans la série à succès La Trêve, Mustii alias Thomas Mustin s’est fait un nom dans le paysage musical belge avec des titres comme The Golden Age et plus récemment Feed Me.

    Dans une sorte de transe lyrique, le Bruxellois a convaincu le public, en particulier les quelques groupuscules adolescents bien décidés à jumper sur tous ses titres. Nul doute qu’on le reverra sur la route des festivals, notamment au Francofolies de Spa en juillet et à Ronquières en août.

    Victoria + Jean, balade électro-sensuelle

    Quelques temps après leur participation au SXSW d’Austin, le groupe Victoria + Jean semble avoir franchi un palier. Il faut dire que leur musique est très particulière, assez loin de la pop pour pouvoir parler au grand nombre et assez distant de l’électro-expérimental pour espérer s’en attirer les grâces.

    Il y a dans leur nouvel album des airs d’électro-pop underground faisant irrémédiablement penser à une maitresse en la matière, l’Islandaise Björk. À la vue du public de l’Inc’Rock – majoritairement adolescent et familial -, difficile dès lors de pouvoir juger du succès des quelques nouveaux morceaux issus de Divine Love, un album 12 titres très lancinant. Cela a bien sûr eu pour conséquence de calmer l’assistance, mais les prouesses scéniques de Jean ont pu néanmoins faire rire les jeunes femmes, bien décidées à profiter de tous les groupes de ce festival bon enfant.

    Grandgeorge, la chaleur humaine

    Alors que la pluie, que disons-nous, le déluge s’abat sur les plaines opprebaisiennes, c’est au tour de Grandgeorge d’entrer en scène sur la Win For Life Stage. Relax et souhaitant communier avec son public malgré les conditions climatiques, l’ex-Parisien et désormais Bruxellois Benjamin Grandgeorge a prouvé que sa musique pouvait réchauffer les coeurs quelles que soient les circonstances.

    Sous les ponchos splashmacs offerts gracieusement par la province du Brabant-Wallon, les spectateurs ont pu apprécier ce qui se fait de mieux actuellement dans le genre pop soul. Alternant les morceaux entrainants comme How Long, Fading Away ou So Fine, et les morceaux plus mélancoliques comme Si Logical ou Little Boy, le nouvel album de Grandgeorge est une réussite totale.

    Evidemment, point de pogo ou de mosh dans les travées de l’Inc’Rock lors de ce concert, probablement le plus posé avec celui de Sharko qui lui succédera sur cette même scène. L’occasion pour les familles de se trémousser enfants sur les épaules et ballons dans les mains.

    Sttellla, le chauffeur de salle

    « Torremolinos ! Torremolinos ! Torremolinos ! », les cris du public le réclament, Sttellla alias Jean-Luc Fonck rentre sur scène dans un accoutrement digne d’un super-héros de la Zinneke Parade. D’un côté, les fans s’échauffent la voix et de l’autre, les plus jeunes sont dubitatifs face à l’arrivée d’un homme qui annonce d’entrée la couleur : « J’ai eu peur en arrivant qu’il n’y ait pas de bière ici ! ».

    Mais leurs craintes ont été très vite dissipées. Usant de toute sa bonhommie pour s’attirer la sympathie de l’assistance, Sttellla a fait monter la température lors d’une représentation cinq étoiles où tout le monde – sans exception – a reproduit dans la joie les chorégraphies inventées par l’Arlonais. De la chanson « Appuyer sur le mouton » à « Les tartines », le concert n’a connu aucune baisse de régime si bien que l’heure avançant, le chanteur n’hésita pas à égratigner gentiment le groupe belge suivant, Hooverphonic, arguant qu' »il y a trop de chanteurs dans ce groupe, alors qu’un bon suffit ».

    Assurément, Sttellla a marqué cette douzième édition de son empreinte et a, sans aucun doute, conquis un nouveau public.

    Hooverphonic, l’image de marque

    On ne raconte plus Hooverphonic, on l’écoute. Plus de vingt années de présence dans les playlists radiophoniques pour le groupe de trip hop flamand. C’est donc assez logiquement que la main stage de l’inc’Rock Festival s’est remplie dix minutes avant le début d’une assistance très éclectique.

    Sur scène, une kyrielle de musiciens pour un show haut en couleurs à défaut d’être grandiose. De fait, les envies de bouger d’un public frigorifié par la tombée de la nuit étaient réduites à néant avec Hooverphonic, davantage intéressé d’offrir un line-up propre et impeccable plutôt qu’une prouesse musclée. Résultat, peu de remous dans le public et un set trop formaté pour convaincre un public de festival.

    Passé cela, la qualité de l’écriture est incontestable, I Like the Way I Dance et Badaboum étant d’une qualité incroyable.

    Rendez-vous aujourd’hui dans le BW pour d’autres aventures avec Marka, Typh Barrow, Boulevard des airs, Giedré et les Fréro Delavega.

    Matthieu Matthys
    Matthieu Matthys
    Directeur de publication - responsable cinéma du Suricate Magazine.

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