Ecrit et mis en scène par Ahmed Amani. Avec Aboubacar Camara, Ibrahima Diop, Virgil Leclaire, Marie Ntotcho, Julie Plaisir, Philippe Quy, Merbouha Rahmani, Jordan Rezgui, Izabela Zak. Jusqu’au 27 novembre au Théâtre de Poche.
Portée par un groupe de comédiens pleins de vie, la nouvelle pièce d’Ahmed Madani fait résonner la voix, rarement entendue, d’une jeunesse issue de l’immigration avec l’amour comme fil rouge.
Après avoir exploré les traces laissées par la guerre en Algérie dans Illumination(s) et ausculté les rapports mère-fille dans F(l)ammes, la compagnie Madani aborde avec Incandescences, dernier volet de la trilogie Face à leur destin, un versant plus intime, celui des rapports amoureux. Souvent passés sous silence, écrasés sous le poids de la réputation, des traditions ou encore du code de l’honneur, les récits livrés aux spectateurs sont vibrants d’authenticité ; fruit d’un travail d’enquête minutieux durant lequel Ahmed Amani a recueilli les témoignages de plus d’une centaine de jeunes filles et garçons issus de quartiers populaires le temps d’une année.
Sur scène, neuf comédiens non-professionnels partagent sans tabou, avec humour et humanité, leur vie sentimentale : de la découverte du désir aux premiers émois amoureux en passant par la masturbation, le rapport aux écrans et la pression familiale. Avec une liberté de ton et beaucoup d’aisance, ces artistes complets, à la fois danseurs et chanteurs, ne tremblent pas ; ils ont le verbe haut et la réplique facile. Dans cette chronique sentimentale où la fiction et la réalité s’entremêlent, ils racontent sans pudeur ce qui les sépare, les unit et les fragilise. Certains se retrouveront dans l’une ou l’autre histoire tandis que d’autres réaliseront qu’il est loin d’être évident de composer avec les traditions familiales, de vivre sa vie comme on l’entend tout en respectant les codes de l’honneur ou ceux de la religion.
Ahmed Madani nous livre ici un portrait choral attachant et parvient à capturer, avec beaucoup de réalisme, une certaine jeunesse trop souvent oubliée. Son kaléidoscope humain, porté par une mise en scène sonore et visuelle efficace, embrasse notre époque et sonde l’universel à travers des récits poignants.