Un spectacle du .jpeg collectif. Ecriture et mise en scène Siam De Muylder, Manoël Dupont, Arthur Goldberg, Jérémy Lamblot, Léopold Terlinden. Interprétation Habib Ben Tanfous, Siam De Muylder, Manoël Dupont, Jérémy Lamblot, Léopold Terlinden. Du 19 avril au 7 mai 2022 au Théâtre de Poche.
Création collective du « .jpeg collectif », In Solidum est le récit de la descente aux enfers d’une bande d’amis d’enfance condamnée par la justice pour des actes mineurs de vandalisme qui vont franchir la frontière de la cybercriminalité. Ensemble, ils vont multiplier les arnaques, faisant un commerce de l’escroquerie sentimentale. Comment ralentir quand on chute ? Comment empêcher ses amis de faire la plus grosse bêtise de leur vie ?
« On se tenait les uns les autres par la transpiration face à cette connerie magnifique », c’est par ces mots que John, Lucas, Alban, Malik et Timothée commencent à nous conter leurs déboires. Un été, en plein sud de la France, dans une villa louée, leur soirée prend un tournant décisif. De l’alcool, de l’euphorie et puis de l’essence, une piscine, une étincelle, un mur de flamme. Bilan du séjour : une condamnation à payer 122.475 euros de dommages et intérêts à la propriétaire du lieu, Monique Tabuso.
Tenu « In solidum » par la justice : locution latine qui exprime une obligation de plusieurs personnes tenues chacune responsable pour le tout envers le créancier. Tous coupables et par extension tous solidaires. Contraint à rembourser cette somme endéans les deux ans, nos cinq comparses s’imaginent sacrifier leurs plus belles années à grapiller des petits jobs, à se tuer à la tâche pour rembourser cette Monique Tabuso qui… en plus… ne semble pas être dans le besoin. Les rôles s’inversent et l’idée folle germe. Et si on escroquait Mme Tabuso avec l’arnaque la plus vieille de l’Histoire : l’escroquerie sentimentale. Ni une, ni deux, un faux profil internet est créé, un premier contact est pris, le premier échange. Ensuite vint le premier problème, la première demande à l’aide et c’est 350€ qui tombe du ciel, de la main de la créancière. Comble de l’ironie, Madame Tabuso allait rembourser sa propre créance. Cet épisode aurait pu rester un cas isolé, un test, une expérience. Mais les doigts étaient déjà pris dans l’engrenage. Bientôt d’autres profils vont naître, d’autres victimes s’amonceler et l’argent pleuvoir…pleuvoir… Jusqu’au jour où…
In Solidum, c’est le récit de ce que la convoitise peut engendrer de plus dramatique, de ce que l’amour de l’argent peut détruire. Ecrit et mis en scène par nos cinq comédiens (Habib Ben Tanfous, Siam De Muylder, Manoël Dupont, Jérémy Lamblot, Léopold Terlinden) alors qu’ils étaient étudiants à l’IAD, nous retrouvons des thèmes de société très contemporains : harcèlement en ligne, sextorsion, dépendance au numérique, déshumanisation des sites de rencontre. Soutenu par la scénographie, le propos dérange parce qu’il prête à sourire. On pouffe souvent avec eux alors que les situations décrites sont profondément cyniques. Le burlesque vient nous apporter cette dose d’empathie envers des personnages que l’on pourrait qualifier de gentils idiots ou d’inconscients candides. Tous incapables ou trop lâches de réaliser la méchanceté et la dureté de leurs actes. Sans éventer les ressorts narratifs, la fin nous a laissé dans une liberté d’interprétation surprenante. Il n’empêche que cette pièce est un riche terreau de réflexion, qui peut avoir un écho certain auprès de la jeune génération. Une pièce à découvrir et à partager à plusieurs afin d’enrichir les débats de fin de soirée.